22.12.05

Après nous, le déluge! (ben quoi en c'est la période biblique ou pas?)

Mise en garde: ce texte demande un niveau cérébral élevé... (et je suis loin d'avoir tout compris!) ;o)

Après nous, le déluge ! Télérama n° 2918 - 15 décembre 2005 Vincent Remy

Devant la multiplication des désastres de grande ampleur, se développe, chez
les philosophes mais aussi chez les scientifiques, un "catastrophisme
éclairé". Qui pose le problème de la responsabilité humaine face au progrès
et à ses conséquences. La fin d'une folle fuite en avant ?
« Regarde les petits êtres qui bougent dans le lointain ; regarde. Ce sont
des hommes. Dans la lumière qui décline, j'assiste sans regret à la
disparition de l'espèce. Un dernier rayon de soleil rase la plaine, passe
au-dessus de la chaîne montagneuse qui barre l'horizon vers l'est, teinte le
paysage désertique d'un halo rouge. » Ainsi Michel Houellebecq s'est-il mis
lui aussi à la fonte des glaces, au Grand Assèchement, à la souffrance
finale des hommes. Science-fictionneur de la dernière heure, il réinvente
l'apocalypse planétaire cinquante ans après la littérature anglo-américaine.
Car, dans les années 60, déjà, avec l'Anglais James G. Ballard et ses romans
aux titres programmatiques - Le Vent de nulle part, Le Monde englouti,
Sécheresse, La Forêt de cristal -, le vent soufflait, les eaux montaient, la
pluie ne tombait plus, l'Afrique se pétrifiait. Aux Etats-Unis, le climat
n'était pas davantage au beau fixe, et un film marqua une génération :
Soleil vert, de Richard Fleischer, en 1973. Souvenez-vous : New York, 2022,
quarante millions d'habitants survivent avec des masques, on conserve
quelques plantes sous cloche, les dominants mangent de rares steaks-salades,
tandis que les dominés doivent se contenter d'un mystérieux tofu baptisé «
soleil vert ».

Trente ans après, où en est-on ? A de rares exceptions près (Le Jour
d'après, de Roland Emmerich, en 2004), la science-fiction a déserté la
catastrophe. A quoi bon lutter avec le réel ? Lorsque sous nos yeux de
gigantesques bûchers de vaches enfument la campagne anglaise, que le World
Trade Center s'effondre, que touristes de Thaïlande et pêcheurs de Sumatra
sont engloutis, que les naufragés de La Nouvelle-Orléans sont abandonnés à
leur sort, que la matière et les corps s'entremêlent sur les écrans de nos
télés ou de nos portables, que pourraient nous dire et nous montrer de plus
romanciers et cinéastes ?

Déplaçons plutôt la question : que faire de toutes ces images ? Quel sens y
a-t-il à rapprocher un désastre sanitaire, un acte de terrorisme, un
tremblement de terre et un cyclone ? Dire, comme le fait Jean-Claude
Guillebaud dans Le Nouvel Observateur, qu'au lieu de céder à leur «
propension naturelle à privilégier le désastre » les médias feraient mieux
de mettre en avant l'élan de « ces hommes et ces femmes qui inventent en
tâtonnant le monde de demain » est un peu court. Car les médias n'ont pas
« inventé » la catastrophe. Pour s'en tenir à la seule question du
réchauffement climatique, ils n'ont fait que relayer tardivement les
certitudes des scientifiques. Dès 1987, après avoir effectué un carottage à
Vostok, au beau milieu de l'Antarctique, afin d'étudier les bulles d'air
emprisonnées dans les glaces depuis cent cinquante mille ans, une équipe
franco-russe découvre une incroyable corrélation entre les courbes de
température de la Terre et les teneurs en gaz carbonique de l'atmosphère :
« C'est alors qu'on a compris que l'homme, en ressortant le gaz que la Terre
avait piégé sous forme de pétrole et de charbon, était en train de modifier
son environnement à grande échelle », rappelle Jean Jouzel. Et voici comment
les climatologues devinrent (avec peut-être quelques généticiens...) les
premiers scientifiques « catastrophistes »...

On connaît la suite : le fameux protocole de Kyoto, convention-cadre des
Nations unies sur le changement climatique, signé en décembre 1997 par cent
quatre-vingts pays, mais refusé par la « méchante » Amérique. Or, que se
passe-t-il dans les « gentils » pays signataires ? Rien, ou presque. Malgré
la modestie de ses objectifs, la France ne parvient pas à tenir les
engagements de son plan climat lancé en juillet 2004. La faute, pour une
bonne part, au développement irrépressible du transport individuel : « Il ne
serait pas pertinent de laisser penser aux citoyens que chercheurs et
ingénieurs pourront résoudre le problème à leur place », lit-on dans le
rapport de la Mission interministérielle de l'effet de serre (Mies), publié
à la mi-novembre. Certes, mais la Mission interministérielle se trompe : pas
davantage que les gouvernements, les citoyens ne pensent que la science
résoudra le problème à leur place. Les citoyens « savent » que le
réchauffement climatique fait peser une grave menace sur l'humanité, parce
que les scientifiques ne sont plus les seuls à les alerter : ouvrages de
vulgarisation, magazines télé ou radio, articles de presse, forums sur
Internet ne se comptent plus. La vraie question est donc : pourquoi, alors
que nous « savons », agissons-nous si peu ?

En cette année 2005 qui s'achève, la seule nouvelle réjouissante est
peut-être que des philosophes nous aident à trouver la réponse... A la
rentrée, dans Nous autres, modernes, recueil de quatre leçons données à
l'Ecole polytechnique, Alain Finkielkraut questionnait la modernité née des
Lumières, qui voulaient soulager le sort des hommes en les rendant « maîtres
de toutes choses » ; et plaçait au coeur d'une remise en question du progrès
la question cruciale de la « responsabilité » (lire encadré). Mais c'est un
autre enseignant de l'Ecole polytechnique, Jean-Pierre Dupuy, qui aura
révolutionné les esprits. Scientifique entré en philosophie par la critique
radicale de la pensée industrielle, effaré par notre incapacité à mesurer
l'ampleur des défis qu'il nous faut relever, Jean-Pierre Dupuy entreprend
une vaste réflexion sur la nature du mal et nous propose une nouvelle vision
du monde : un « catastrophisme éclairé »...

Suivons-le à Lisbonne, car c'est là que tout a commencé, il y a exactement
deux cent cinquante ans : le 1er novembre 1755, la ville entière est
anéantie par un tremblement de terre qui provoque un séisme moral dans
l'Europe accablée. Tout le système métaphysique, qui établissait que le mal,
d'origine divine, n'était qu'un « effet de perspective » dans la meilleure
des Créations possibles, s'effondre : « Direz-vous en voyant cet amas de
victimes : Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leur crime », s'écrie
Voltaire dans son Poème sur le désastre de Lisbonne, récusant ainsi toute
justification du mal : « Je ne conçois plus comment tout serait bien : je
suis comme un docteur ; hélas ! Je ne sais rien ! » En août 1756,
Jean-Jacques Rousseau répond à M. de Voltaire que si l'on « n'avait point
rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages et que si les
habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et
plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être
nul ».

Voltaire contre Rousseau, on n'en est jamais sorti ! L'accroissement
vertigineux de la population mondiale, l'« artificialisation » de la
planète, liés à la volonté prométhéenne d'une humanité désormais seule face
à elle-même, ont eu raison de « l'absurde » voltairien : c'est Rousseau qui
a gagné. Face à n'importe quelle catastrophe dite « naturelle », on
cherche - et on trouve - des explications. Et des responsables, voire des
coupables : le tourisme de masse pour le tsunami asiatique, l'administration
Bush pour le cyclone de Louisiane. Jean-Pierre Dupuy - tout comme Alain
Finkielkraut - s'alarme de cette « rousseauisation » envahissante, qui fait
peser sur l'homme une responsabilité... divine : « Rousseau avait quand même
fait une exception à sa maxime qui rend l'homme responsable des "maux
physiques" qui l'assaillent : la mort. Mais la mort est devenue l'exception
de trop. La notion de "mort naturelle" n'est pas moins menacée
d'obsolescence que celle de "catastrophe naturelle". » Ainsi, un philosophe
de Cambridge, Nick Bostrom, qui compare les cent mille morts « de
vieillesse » quotidiennes de la planète aux deux cent mille morts
accidentelles du tsunami asiatique, a-t-il créé un mouvement, dit «
transhumaniste», qui vise à remplacer « cet être radicalement imparfait
qu'est l'homme par une "post-humanité", grâce à la convergence entre les
nanotechnologies, les biotechnologies, les technologies de l'information et
les sciences cognitives ». En clair, il s'agit de venir à bout de la mort,
ce « problème ».

Ce prométhéisme déchaîné - lié à une absence d'intention maligne - n'est-il
pas ce qui a causé le naufrage du XXe siècle, siècle des plus grandes
catastrophes morales ? « Hannah Arendt, Günther Anders et Hans Jonas, trois
philosophes juifs allemands qui furent les élèves de Heiddeger, nous ont
livré des réflexions bouleversantes et controversées sur ce que Kant
appelait le "mal radical" », rappelle Jean-Pierre Dupuy. Kant - en cela
héritier de Rousseau - voyait une séparation entre le monde de la nature -
sans intention ni raison, habité uniquement par des causes - et celui de la
liberté - où les raisons d'agir tombent sous la juridiction de la loi
morale. Avec les catastrophes d'Auschwitz et de Hiroshima, ce cloisonnement
a volé en éclats : « Lorsque certains seuils de monstruosité sont dépassés,
les catégories morales qui nous servent à juger le monde tombent en
désuétude. Il semble alors qu'on ne puisse rendre compte du mal qu'en des
termes qui évoquent une atteinte irréparable à l'ordre naturel du monde. »
Ainsi pourrait-on expliquer que le terme hébreu finalement retenu pour dire
la catastrophe morale qu'a été l'extermination des juifs d'Europe, Shoah,
désigne une catastrophe naturelle ; et que les survivants de Hiroshima et de
Nagasaki se réfèrent à ces massacres nucléaires en utilisant le mot de...
tsunami.

Ce brouillage croissant entre catastrophe naturelle et catastrophe morale a
donc trouvé ses points d'appui philosophiques : d'un côté Rousseau, pour qui
le mal est entièrement moral, c'est notre affaire ; de l'autre, Hannah
Arendt et Günther Anders, pour qui le mal est comme une sur-nature, il nous
dépasse, nous transcende. Comment sortir de ce jeu de bascule ? En acceptant
ce que Jean-Pierre Dupuy appelle « le mal systémique », qui réunit ces deux
propositions : nous sommes la source du mal, mais celui-ci nous transcende.
« Qu'un mal immense puisse être commis avec une absence d'intentions
mauvaises est évidemment un scandale qui n'a pas fini de bouleverser les
catégories qui servent encore à juger le monde », en conclut Jean-Pierre
Dupuy après Hannah Arendt, qui écrivait dès 1958, dans Condition de l'homme
moderne : « Il se pourrait [...] que nous ne soyons plus jamais capables de
comprendre, c'est-à-dire de penser et d'exprimer, les choses que nous sommes
cependant capables de faire. » Nous y sommes. Nous savons en gros à quoi
ressembleront les catastrophes futures : réchauffement climatique,
destruction de l'environnement, technologies échappant à la maîtrise de
leurs concepteurs... « De tout temps, rappelle Jean-Pierre Dupuy, les hommes
ont dû apprendre à vivre avec les conséquences inattendues de leurs
actions », mais le fait nouveau est que nous pouvons déclencher des
processus irréversibles « dans et sur la nature elle-même ».

On en arrive au fameux « principe de précaution », adopté par la France en
1995 (loi Barnier) à travers la Charte de l'environnement, elle-même
inscrite dans la Constitution française, selon ces termes : « L'absence de
certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du
moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et
proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et
irréversibles à l'environnement, à un coût économiquement acceptable. » On
sait qu'un Claude Allègre est parti en guerre contre le principe de
précaution, accusé d'« asphyxier la recherche » et donc de ralentir la
glorieuse marche du progrès. C'est pour des raisons diamétralement opposées
que Jean-Pierre Dupuy condamne ce principe, qui repose sur la théorie
économique du choix rationnel : « Comment évaluer des mesures proportionnées
à un dommage qu'on ne connaît pas ? »

Ce qu'on ne veut pas voir, poursuit Dupuy, c'est qu'avec les risques
écologiques « l'incertitude provient moins de l'existence d'un aléa que de
l'impuissance relative de la science ». On affirme qu'« il faut poursuivre
l'effort de recherche, comme si l'écart entre ce que l'on sait et ce qu'il
faut savoir pouvait être comblé par un effort supplémentaire ». Impossible,
lorsqu'on constate la complexité des écosystèmes, capables de faire face à
toutes sortes d'agressions, jusqu'à « un seuil critique, où ils basculent,
s'effondrent ou forment d'autres types de systèmes qui peuvent avoir des
propriétés fortement indésirables pour l'homme. En mathématiques, on nomme
de telles discontinuités... des catastrophes ». Tant qu'on est loin des
seuils critiques, poursuit Jean-Louis Dupuy, on peut se permettre de «
taquiner les écosystèmes en toute impunité ». Mais si l'on s'en rapproche,
« le calcul coûts-avantages devient dérisoire, puisque la seule chose qui
compte alors est de ne surtout pas les franchir ». Le principe de précaution
ne serait donc d'aucun secours. Le problème ne serait pas que la catastrophe
soit « très peu probable » ou « quasi certaine ». Le problème est qu'« elle
est inscrite dans l'avenir, que nous le savons, mais que nous ne croyons pas
ce que nous savons. Car remettre en cause ce que nous avons appris à
assimiler au progrès aurait des répercussions phénoménales ».

Alors, que faire ? C'est là que reviennent nos philosophes allemands, Hans
Jonas et Günther Anders. Le premier, dans Le Principe de responsabilité, en
1979, développe ce qu'il a appelé « l'heuristique de la peur » : lorsque la
menace qui pèse sur nous est d'ampleur apocalyptique, « on doit accorder un
plus grand poids au pronostic de malheur qu'au pronostic de salut ». Cette
peur liée à la responsabilité « n'est pas celle qui déconseille d'agir, mais
celle qui invite à agir ». Le second, Günther Anders, considère qu'on ne
croit à l'éventualité de la catastrophe qu'une fois celle-ci advenue. Il ne
faut donc pas seulement la prédire, mais l'inscrire dans l'avenir de façon
plus radicale, en la rendant inéluctable. On pourra dire alors que nous
agissons pour la prévenir « dans le souvenir que nous avons d'elle ». Cette
« ruse métaphysique », Anders l'a traduite en récrivant la parabole du
Déluge : Noé annonce le déluge, mais personne ne le croit. Alors il revêt
des habits de deuil, et tout le monde lui demande si quelqu'un est mort. Il
répond qu'il y a eu beaucoup de morts, et qu'ils en sont : « Lorsqu'on lui
demanda quand cette catastrophe avait eu lieu, il leur répondit : demain. »
Et il ajoute : « Quand le déluge aura été, tout ce qui est n'aura jamais
existé. » Dans la soirée, un charpentier puis un couvreur frappent à sa
porte : « Laisse-moi t'aider pour que cela devienne faux »...

Comprendre que nous sommes la source du mal, mais que nous n'en sommes pas
« responsables » ; faire « comme si » la catastrophe était notre destin ;
admettre que la technique ne résoudra pas tous les problèmes posés par la
technique ; savoir enfin que nous n'avons pas de planète de rechange - que
n'existe pas la possibilité d'une île - et que seul un devenir donne sens à
l'humanité : tout cela nous poussera-t-il à agir ?

Dans son dernier ouvrage, L'Engrenage de la technique, André Lebeau,
géophysicien, ancien dirigeant de l'Agence spatiale européenne, raconte
l'histoire de l'île de Pâques telle que l'a révélée le travail des
archéologues. Fragment de terre le plus isolé dans la zone tempérée de notre
planète, l'île de Pâques est colonisée vers l'an 900 par des Polynésiens.
Vers 1400, la population atteint quinze mille habitants. Mais le navigateur
hollandais qui l'aborde le jour de Pâques 1722 découvre quatre cents
individus affamés, divisés en onze clans, survivant sur une terre désolée au
milieu de centaines de statues de pierre gigantesques. L'histoire donna lieu
à toutes sortes de spéculations, dont l'intervention d'extraterrestres. Elle
est plus prosaïque, nous disent les archéologues. L'île était couverte d'une
haute forêt tropicale abritant de nombreux oiseaux. La rivalité des tribus
les poussa à affirmer leur supériorité. Les gigantesques palmiers indigènes,
dont les troncs et les fibres servaient jusqu'alors à construire les bateaux
pour la pêche au large, furent tous utilisés pour déplacer et ériger les
arrogantes statues. L'extinction des grandes espèces végétales signa la fin
de la pêche, l'érosion des sols et la réduction des récoltes. La famine, le
cannibalisme et la dictature s'ensuivirent.

« Les hommes qui peuplaient l'île de Pâques avaient le même cerveau et le
même patrimoine génétique que ceux qui, de la Beauce au Middle West,
peuplent le monde occidental, rappelle André Lebeau. Le comportement
génétique le plus important est la tendance de l'espèce à se constituer en
groupes dotés d'une hiérarchie et qui s'opposent les uns aux autres pour les
ressources et pour l'espace. » La prise de conscience d'une menace globale,
qui commence à susciter des comportements collectifs de dimension planétaire
parfaitement inédits, nous évitera-t-elle le destin de l'île de Pâques...
? -



Post-scriptum : septembre 2005 a été le mois le plus chaud jamais
enregistré sur la planète depuis que les températures sont prélevées
scientifiquement (1880), a annoncé le 14 octobre le Centre national
océanique et atmosphérique américain.



A lire

Nous autres, modernes, d'Alain Finkielkraut, éd. Ellipse, 360 p., 19,50 €.

Petite Métaphysique des tsunamis, de Jean-Pierre Dupuy, éd. du Seuil, 107
p., 9 €.

L'Engrenage de la technique, d'André Lebeau, éd. gallimard, 270 p., 19,90 €.

Lire aussi l'article de Jacques Testard dans Le Monde diplomatique de
décembre 2005.

Illustrations : Jean-François Martin

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_794.php (14/12/2005
Chaud devant ! Le regard des médias sur le changement climatique)

18.12.05

Joyeux Nowell ! (selon Guijon)

Salut Tous!

Alors ça y est, les guirlandes étalées, les bougies et les papiers cadeaux prêts à envelopper vos futures idées d'achats, la dinde commandée... Le Père Noel est maintenant dans les starting-bloks... et le porte monnaie bien affûté.

En cette période où la générosité est de mise, même dans le plus insignifiant ou petit cadeau, il existe néanmoins des façons de diriger cette générosité pour la rendre éthique...

Une générosité éthique? Tiens quelle drôle d'idée!

Et oui, car derrière l'image enfantine du Père Noel à pompon véhiculée depuis CocaCola (http://www.joyeuse-fete.com/joyeux-noel/perenoel.html) figurent bon nombres d'actions pas très catholiques.

Derrière ce joli lecteur DVD, il y a eu hommes et des femmes qui l'ont successivement monté, vérifié et enveloppé à un taux horaire dépassant toute concurrence. Derrière cette jolie boîte à bijoux en bois, il y a un arbre tropical qui abritait tout un écosystème, lui même faisant partie d'un ensemble écologique. Derrière cette bague en or sertie de diamants, il y a hommes, femmes et enfants qui ont creusé, lessivé, vendu pour un misère les pépites trouvé un jour sur les centaines passées dans la boue. Il y a aussi des monsieurs à cravatte qui l'ont acheté trois fois rien pour le revendre 100 fois plus et qui roulent dans de luxueux 4x4 que l'on rempli d'essence récupéré à coups de bombardements. 10 civils tombés pour 10 barils consommés à rouler.

J'imagine que vous souhaitez un environnement plus sain, une amélioration des conditions de travail des pays du Sud et une solidarité toute mondiale... Rien de tel que cette période enguirlandée pour montrer jusqu'où peut aller votre générosité!

Vous le savez tout ça, vous l'entendez suffisament à la télé, radio, Internet. Et vous vous posez tous la même question: "oui mais moi, que puis-je faire, tout seul, avec ma maigre paye...". Allons, vous voulez être généreux? En voici l'occasion toute rêvée...

« Comment peut-on songer à améliorer les relations humaines sur le plan social, sur le plan planétaire, si nous sommes incapables de le faire au niveau interindividuel ? »
Edgar Morin
« Le peu, le très peu que l’on peut faire, il faut le faire quand même. »
Théodore Monod

Par le biais de cet article, en voici des exemples, mais rien n'empêche d'utiliser l'outil avec lequel vous lisez ce message pour découvrir les associations, les artisans ou les magasins éthiques proches de chez vous, il y en a plein.

Mais n'oubliez-pas l'adage "c'est l'intention qui compte"... si le cadeau matériel est une façon pour vous de montrer votre affection, pensez bien que faire plaisir peut prendre différentes formes, même immatériels... à vous d'imaginer sous quelle forme ça peut être! Soyez créatif!

Soyez en paix avec vous-mêmes, passez d'agréables fêtes.

Guillaume.

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LE PÈRE NOEL SOLIDAIRE
Ses exigences sont assez simples :
  • moins de cadeaux inutiles, moins de gadgets cassés dans la soirée qui partent à la poubelle, moins d’objets en plastiques qui polluent, moins de cadences infernales de productions imposées aux travailleurs des pays pauvres, moins d’objets à la mode voués à une rapide obsolescence, délaissés puis jetés, moins de déchets, moins d’écarts entre des enfants qui croulent sous les cadeaux et ceux qui n’en ont pas, moins de gaspillage, en bref un peu moins d’achat et plus d’attention portée à la qualité sociale et environnementale des produits achetés,
  • plus d’implication dans le choix des lieux d’approvisionnement, plus d’achats auprès d’artisans, d’agriculteurs bio, d’associations ou de boutiques alternatives et indépendantes, plus d’abonnements pour des revues favorisant la citoyenneté et l’environnement, plus de jeux de type coopératif, plus d’originalité dans les cadeaux, plus d’engagement personnel dans la préparation du cadeau, dans l’implication dans la création et la réalisation de l’objet ou du jeu offert, plus d’échange et de temps partagé et donc plus de convivialité.
Les fêtes de fin d’année peuvent donc aussi être l’occasion de penser ses cadeaux autrement et de parler autour de soi des façons d’agir pour un monde meilleur.
Après avoir listé quelques sources d’informations pour le consommateur responsable et avoir évoqué différents lieux d’approvisionnement et idées de cadeaux éthiques et solidaires, nous verrons que l’acte d’achat n’est pas forcément indispensable pour offrir un moment de bonheur né d’un cadeau personnel et original.
Privilégier la qualité sociale et environnementale des produits achetés.
L’économie mondialisée, dirigée par la recherche du profit maximum, fait qu’une part croissante des produits que nous consommons vient des pays du Sud où ils sont produits dans des conditions souvent inhumaines, en totale contradiction avec les conventions internationales du travail : travail forcé, travail des enfants, répression syndicale, non-respect de durées maximales, de santé et de sécurité au travail)
Or, les jouets, avec les vêtements, les articles de sport, etc., font partie des objets le plus souvent fabriqués dans ces conditions, pour une consommation toujours plus importante à des prix toujours plus bas.
Un collectif d’associations, « De l’éthique sur l’étiquette », mène depuis 1995 diverses campagnes de sensibilisation pour nous amener à devenir des citoyens plus conscients et actifs dans nos choix de consommation. La campagne actuelle « Exploiter n’est pas jouer » porte justement sur la fabrication des jouets, dont 63% viennent d’Asie du Sud-Est. Dans la plupart des cas, les personnes travaillant sont des femmes qui doivent, plusieurs mois avant Noël, pour répondre aux carnets de commandes des pays riches, travailler 6 ou 7 jours sur 7, 14 à 17 heures par jour, dormir au sein de l’usine et recevoir un salaire de misère. www.ethique-sur-etiquette.org
Une campagne « Barbie broie du noir » menée par Réseau Solidarité dénonce également les violations des droits sociaux par Mattel, numéro 1 mondial du jouet, dans plusieurs sites au monde www.globenet.org/reseau-solidarite
On peut participer à ces campagnes en écrivant aux entreprises concernées.
Toutes ces actions visent à informer les consommateurs et à peser sur les entreprises et les pouvoirs publics pour que soit créé un « label social » garantissant le respect des droits sociaux fondamentaux.
En attendant qu’existe un réel « label social » dans les linéaires des grandes surfaces, il est possible dès aujourd’hui d’opter pour une consommation de produits moins nombreux mais plus durables en préférant des objets de qualité, qui s’avèreront finalement moins coûteux car s’usant moins vite (donc produisant également moins de déchets !).
Les lieux d’achats de proximité auprès d’artisans, de paysans, de réseaux indépendants, coopératifs ou associatifs, de structures d’insertion, permettent d’agir très concrètement pour le développement d’une économie sociale et solidaire au service de l’être humain.
Un excellent livre « Les coulisses de la grande distribution » (Christian Jacquiau -Albin Michel - 18.29 ) explique, avec de nombreux exemples, les pratiques de type « racket » des distributeurs vis-à-vis de leurs fournisseurs. Ce témoignage nous permet de comprendre les dangers pour la société d’un rapport de force devenu totalement inégal, qui sous le mythe de « prix bas » et de « défense du consommateur », nous amène, en tant que client des grandes surfaces, à favoriser un système qui nous menace directement. Destruction des industries européennes, des commerces de proximité, du tissu social, accroissement du chômage en comptant sur la collectivité pour prendre en charge les coûts cachés qu’il engendre. Un livre qui nous montre l’urgence de réagir !!!
On peut toutefois trouver en grandes surfaces, du café labellisé « Max Havelaar », permettant à celui qui n’est pas ou peu informé sur les réseaux alternatifs, de découvrir le principe du « Commerce équitable ». Ce pourra être un premier pas dans le monde de l’économie solidaire, la volonté d’en savoir plus et le début d’une prise de conscience beaucoup plus large
Les produits du « commerce équitable » :
Offrir des produits du Commerce Équitable est toujours un bon moyen de pratiquer et de faire connaître ce principe de « bâtir entre les pays pauvres et les pays riches un nouvel échange marchand fondé sur une rémunération plus juste, plus « équitable » des petits producteurs.
La troisième étude de notoriété du commerce équitable Ipsos/Plate forme du commerce équitable indique qu’en 2002, 32% des personnes interrogées connaissent le commerce équitable.
C’est mieux que les 9 % de 2000, mais encore bien insuffisant !
En privilégiant les boutiques d’artisans du monde www.artisansdumonde.org et d’autres points de vente du commerce équitable www.commercequitable.org, on favorise les échanges commerciaux plus justes entre les pays du Nord et du Sud. On permet aux producteurs du Tiers Monde de vivre dignement de leur travail et d’être les acteurs de leur développement. Ces boutiques sont d’ailleurs autant de lieux de rencontre, d’échange et d’information.
Les produits alimentaires labellisés sont variés (Thés, chocolat, miel, confitures, riz) avec pour certains un label biologique. On peut également marquer sa solidarité vis-à-vis du peuple Palestinien en se procurant dans les boutiques artisans du monde des bouteilles d’huile d’olives récoltées souvent dans des conditions très difficiles..
De nombreux objets artisanaux à offrir sont également disponibles dans ces boutiques (vêtements, foulards, bijoux, sculptures, instruments de musiques, objets utilitaires ou décoratifs). Ils sont le reflet des savoirs-faire, des cultures et des traditions, qui font la richesse de l’humanité.
Les produits alimentaires
Acheter des produits issus de l’agriculture biologique permet, au-delà de la qualité intrinsèque des produits, de soutenir des modes de production respectueux de l’environnement. On cherchera donc à privilégier ce type de produits et les points de vente correspondants.
Le réseau coopératif Biocoop www.biocoop.fr, intègre également des productions nationales en aidant les producteurs locaux à développer leurs activités dans le cadre d’une filière biologique locale et durable. Il est essentiel de privilégier ces circuits courts face à de « faux produits du terroir » produits de façon industrielle. On trouvera aussi localement d’autres lieux d’approvisionnement et des petits producteurs respectueux de leur travail et de leurs clients.
Une association « Kokopelli » (anciennement Terres de semences) lutte pour préserver la biodiversité sur la planète en constituant et en distribuant des semences issues de l’agriculture biologique et biodynamique. La collection se trouve dans un ouvrage « Semences de kokopelli » avec plus de 2000 variétés, dont 500 tomates. Il est possible d’acquérir l’ouvrage par correspondance www.kokopelli.asso.fr (une partie de la somme est utilisée au tiers monde dans des programmes de mise en valeur d’agriculture durable et dans le don de semences traditionnelles). Vous pouvez également offrir aux jardiniers des petits sachets de semences ou en joindre à vos cartes de vœux. Et si vous le souhaitez, vous pouvez aller encore plus loin dans cette démarche de sauvegarde de la biodiversité et de l’autonomie alimentaire des peuples, en créant chez vous un « jardin kokopelli » pour offrir refuge à une ou plusieurs variétés.
Les jeux :
Il existe un type de jeu, le jeu coopératif, qui est encore assez méconnu en France.
Contrairement à la plupart des jeux « Gagnant-Perdant » qui favorisent le « chacun pour soi » , le jeu coopératif repose sur la poursuite d’un objectif de groupe qui ne pourra être réalisé que par l’entraide et la solidarité entre les joueurs. Il ne s’agit pas de gagner sur l’adversaire mais de faire équipe et cause commune pour gagner ensemble ou perdre ensemble si l’équipe s’est mal organisée.
Une revue disponible par courrier : « Non-Violence Actualité » Guide de ressources sur la Gestion Non violente des conflits - 2002-2003 6 recense une multitude de jeux, de livres, de supports pour vivre et agir autrement et nous permet de facilement se les procurer par correspondance. Ce guide peut se commander par courrier : NVA. BP 241. 45202 Montargis cedex 02 38 93 67 22. Le site www.nonviolence-actualite.org offre également des explications sur les principaux jeux disponibles et la possibilité de les acheter.
Certaines boutiques Artisans du Monde proposent également ces jeux.
Quelques exemples de jeux coopératifs :
« Le verger » 3-6 ans, 2 à 4 joueurs. L’été fait mûrir les fruits. La corneille est ravie, elle attend avec impatience de les manger. Pour parvenir à remplir leurs paniers, avant que la corneille ne les mange, les enfants devront s’entraider.
« Le jardinage » 5-10 ans, 2 à 6 joueurs. Les jardiniers ont aménagé un tas de compost et veulent que les vers de terre viennent l’habiter. Mais il y a le soleil brûlant, les souris et les merles qui obligent les vers de terre à fuir le compost pour se réfugier dans la terre. Les joueurs vont-ils pouvoir aider les jardiniers à réaliser leur compost ?
« L’arbre en danger » à partir de 10 ans - 3 à 7 joueurs. Les pluies acides mettent en danger la vie de l’arbre. Les joueurs essaient d’ôter le maximum de gouttes de pluie nocive avant qu’elles n’atteignent les racines de l’arbre. L’arbre en mourrait. Il faut donc agir ensemble pour le sauver, le plus vite possible. Dans cette course, il peut y avoir un gagnant : celui qui, en éliminant le plus de gouttes, devient le champion de l’écologie ! Un jeu de stratégie qui convient aussi bien aux jeunes qu’aux adultes. « Le jeu d’ombres en forêt » à partir de 5 ans -2 à 8 joueurs Deux versions possibles : la première (à partir de 5 ans) est un jeu qui se déroule la nuit, dans la forêt. Les nains se cachent derrière les arbres pour échapper au sorcier mais, attention, la lumière de la bougie peut dévoiler leur cachette et les envoûter. Tous les nains réussiront-ils à se rassembler derrière le même arbre ?
Le verso du plan du jeu permet une seconde version (à partir de 7 ans) qui se déroule à la lumière de la bougie. Plutôt que les endroits sombres et discrets, les nains cherchent ici à éviter les pièges de la forêt obscure. Ceux qui sont dans l’ombre attendent qu’un autre les délivre en leur envoyant un rayon de lumière (par jeu de miroirs). La partie sera gagnée quand tous les nains seront sains et saufs à la maison. La présence d’un adulte est indispensable à cause de la bougie.
Il existe également des jeux permettant l’apprentissage à la citoyenneté : Le jeu, dont la principale qualité est de rendre les joueurs actifs, peut sensibiliser sur les interdépendances d’une économie mondialisée, sur les réalités économiques, sociales et culturelles des pays en développement. La notion de réciprocité que permet le jeu, quand on se voit dans le rôle de l’autre, favorise l’apprentissage de la citoyenneté et l’envie de s’impliquer en tant qu’acteur de transformation de la société.
« Tiers-Mondopoly » permet à partir de 12 ans de jouer le rôle d’un paysan du tiers-monde qui doit faire vivre sa famille malgré la pauvreté, la précarité, les systèmes politiques coercitifs
(Disponible Diffusion Populaire 21 ter rue voltaire 75001 Paris. 01 45 32 06 23)
Idées diverses :
Catalogues : Amnesty International, Éveil & Jeux, Frapna, W.W.F.
Livres :
Les libraires indépendants sont de moins en moins nombreux tandis que les grandes surfaces bénéficient des futurs livres à succès souvent quelques jours avant les libraires. En achetant chez les libraires indépendants, on contribue à maintenir une grande diversité de livres et la survie de professionnels qui aiment les écrivains et leur métier.
« Ce Monde-là » Très bel ouvrage de photos de Georges Bartoli accompagné de textes de Leila Shahid, Vandana Shiva, José Bové, Malika Mokkeder et Manuel Vasquez Montalban. Edition Eden
« Le Sud, dans la mondialisation. Quelles alternatives ? » Pas de recettes miracles, mais une réflexion qui s’efforce de mettre en cohérence des formes d’actions diverses, à l’image des peuples et économies du Sud. Odile Castel. La découverte. 15
« Économie le Réveil des citoyens », Une formidable boite à idées pour tous ceux qui cherchent à vivre une économie plus conforme à leurs idéaux de solidarité. Henri Rouillé d’Orfeuil. Fondation Charles Léopold Mayer. 15
BD :
Trois BD traitent de la vie de personnalités qui ont marqué la non violence. Gandhi / Martin Luther King / Nelson Mandela (Boutiques Artisans du Monde)
Décoration : Une affiche originale (60/80) sur les 100 dates et personnes qui ont marqué la Non Violence au XX ème siècle disponible par correspondance. (Cf : Non Violence Actualité - 6,41))
CD :
« SOS Planet Earth » 14 artistes dont : Johnny Clegg, Toure Kunda, Sergent Garcia Youssou N’Dour, Peter Gabriel, I Muvrini ont réalisé ce CD pour financer des micro projets de développement durable. « Utopie d’occase » Zebda, Chansons qui expriment avec force et poésie la difficulté de la vie dans les cités, de s’intégrer. A mettre en parallèle avec un beau film documentaire d’Éric Pittard « Le bruit, l’odeur et quelques étoiles » qui a donné la parole aux jeunes ayant participés aux violences qui ont suivies la mort du jeune Habib tué par la police dans un quartier toulousain en 1998.
Cinémas indépendants : Comme les librairies, les cinémas indépendants sont de plus en plus rares, mis hors jeu par les grandes surfaces du cinéma, les multiplexes, qui privilégient les plus gros profits et tout ce qui peut rentabiliser au maximum leur activité, au détriment de la dimension culturelle et artistique des films distribués. Il existe aussi dans les cinémas indépendants des formules (carnet de 10 places ou carte d’abonnement) qui peuvent être offerts.
Abonnement à des revues d’informations indépendantes : (pour les adultes)
« S !lence » Mensuel Écologie-Alternatives-Non-Violence. Possibilité de s’abonner (ou se réabonner 1 an) et d’offrir des abonnements découvertes de 6 mois à 5 personnes pour 75
« Campagnes Solidaires » Mensuel de la Confédération Paysanne
« Politis » Hebdomadaire pour une information sur l’actualité citoyenne (offre d’abonnement pour les nouveaux abonnés 69 pour un an au lieu de 117,60 avec un tirage au sort pour partir à Porto Alegre en janvier 2003)
« Le Monde Diplomatique »
« Alternatives Economiques »
« Témoignage Chrétien »
Donner du sens à son argent en ouvrant un livret Agir (Nef/Crédit coopératif) (www.laNef.com 0811 90 11 90) pour soutenir par exemple le logement social avec Habitat et Humanisme (www.habitat-humanisme.org 04 72 27 42 58) grâce au partage d’une partie de ses intérêts.
Pour d’autres idées de lieux d’achat au quotidien.
Des cadeaux originaux et plus personnels : offrir de son temps et aider les enfants à être créatifs.
Une autre façon d’envisager Noël avec les enfants est de leur consacrer du temps. Leur proposer des activités de création, de construction d’objets, de jouets, de décoration, de jeux en extérieur, jeux coopératifs, sensibilisation au recyclage et au développement durable.
Avec un peu d’imagination et en récupérant toutes sortes de déchets non toxiques et non dangereux (bouteilles plastiques, briques alimentaires, chiffons, canettes, boites de conserves, bouchons de lièges ou bouchons de lait) il est possible de fabriquer des jouets, des instruments de musiques, des objets de décoration, des costumes, de décorer le sapin, la maison ou le jardin avec tous les emballages colorés..
Le livre « Recyclons » vient de paraître dans la collection « BricoEco » (Casterman 6.25) et est écrit par Bernadette Theulet-Luzié. Il propose de très belles illustrations et idées pour faire naître toute une panoplie d’objets insolites grâce à la récupération d’objets divers (Boîtes et bouteilles plastique de toutes sortes, bouchons et vieux bidons, tout est bon) et se transforme en "Un manchot à chapeau pour euros", "Une boîte crocodile pour gros chagrins", "Un hérisson glouton porte-crayons"
Bernadette Theulet-Luzié est déjà connue pour avoir réalisé un livre de référence très utilisé dans le milieu des associations de sensibilisation à l’environnement. « Récup’création » (Casterman 22) offre une étendue beaucoup plus large des possibilités de transformer un objet de façon ludique et enrichissante.
C’est un bon moyen de sensibiliser enfants et adultes à l’importance du problème des déchets, du tri sélectif et à la question de la récupération. Vos enfants peuvent aussi se transformer en ambassadeurs du respect de l’environnement en inscrivant leur classe (avant le 31 Janv. 2003) à un concours national « Des Trésors dans les poubelles ». Une exposition des objets sélectionnés aura lieu à la cité des sciences et de l’Industrie de La Vilette (mai 2003) avec remise des prix.
Renseignements auprès des CDTM (Centre de Documentation tiers Monde) où il est possible d’emprunter ou d’acheter divers documents pédagogiques (exemples, questions, jeux) « Citoyens d’une même planète, aujourd’hui et Demain » « Le développement durable »« Cap sur un développement durable »
Un bon moyen de recycler toutes les publicités qui envahissent nos boîtes aux lettres est de les transformer en papier mâché et pourquoi pas en cartes de vœux personnelles ou de les utiliser pour emballer nos cadeaux.
De nombreux guides de bricolage existent, un exemple « Copain du Bricolage » Didier Schmitt, collection Milan 22 60 qui donne une multitude d’exemples et d’idées très originales.
Pour les jeux de groupe de type coopératifs, il existe des manuels expliquant les règles : ils peuvent être disponibles dans certaines boutiques Artisans du Monde ou de Non-Violence-Actualité « Jouons ensemble » : 40 jeux ou « Je coopère, je m’amuse » : 100 jeux coopératifs à découvrir. La coopération crée dans le groupe une sécurité de base, une atmosphère de confiance où chacun peut apprendre à s’exprimer, à défendre son point de vue avec assurance. Coopérer c’est "construire ensemble", mais l’action collective n’est pas la simple addition des actions individuelles ! Par le dialogue et la négociation il est possible de trouver ensemble la meilleure façon de jouer. Une bonne préparation à d’autres types de relation dans la société que celles fondées sur la compétition et l’individualisme ! Avec un peu d’imagination, vous pouvez également organiser avec vos enfants et ceux du quartier : « Une véritable chasse au trésor » en donnant des « parties d’indices » à chaque enfant. Leur regroupement est nécessaire pour comprendre l’indice et avoir une chance d’arriver ensemble jusqu’au trésor. Un moment de bonheur pour petits et grands qui peut marquer beaucoup plus que certains cadeaux.
Très bonnes fêtes à tous.
Marc Padilla
tiré de http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=0106

11.12.05

À propos de Blog-Ego

http://www.madamefigaro.fr/psycho/20051202.MAD0004.html


L’époque vérifie la prophétie d’Andy Warhol : aujourd’hui chacun peut avoir droit à son quart d’heure de célébrité. Blogs et téléréalité offrent aux anonymes assoiffés de reconnaissance une gloire d’autant plus grisante qu’elle est éphémère. Artistes en herbe aux prénoms interchangeables qui se succèdent, confessions scandaleuses qui donnent la fièvre aux courbes de l’Audimat, pas de doute l’ego fait recette. Jusque dans l’édition où prospèrent les écrivains trentenaires branchés, qui ont fait du “ nez sur le nombril ” la posture de yoga mentale la plus lucrative du moment. Mais n’y aurait-il pas danger à mettre ainsi son ego en scène et à privilégier le personnage plutôt que la personne ? Pour le psychanalyste Jean-Pierre Winter (1), ce n’est pas tant le moi qui est mis en avant qu’un moi bricolé, un faux moi, construit de toutes pièces dans le but de se raconter d’une certaine façon. “ Il s’agit là d’un narcissisme mortifère, n’oublions pas que Narcisse s’est noyé dans son propre reflet, car il s’agit d’un narcissisme fondé sur l’image. Une fois cette reconnaissance sociale éphémère envolée, il ne reste plus rien à l’individu qui se retrouve mort socialement.

Souci de soi ou tyrannie de l’ego

Ce qui nous est proposé aujourd’hui, c’est une idéologie de maîtrise, comme s’il suffisait de se vouloir de telle ou telle façon pour être. Cela fabrique des gens inauthentiques. ” Mais la passion de l’ego ne conduit pas seulement au désir de célébrité ou de reconnaissance sociale, elle s’est emparée de chacun d’entre nous.

Clara a trente-huit ans, elle est mariée, mère de deux enfants de treize et sept ans. Depuis 1999, elle gère l’agence de communication qu’elle a créée avec sa meilleure amie. Battante, organisée et de nature super positive, Clara commence pourtant à s’essouffler. Mais ni son agenda surchargé ni sa vie privée bien remplie ne sont la cause de sa baisse de régime. L’anxiété diffuse qui la taraude est plus existentielle. “ Mon couple, mes enfants, mon travail... Je n’arrête pas de me poser des questions sur mes choix à tous les niveaux. Comme si je n’avais pas droit à l’erreur, j’ai trop peur de ne pas prendre les bonnes décisions, de passer à côté des choses. Résultat : je suis toujours sur le qui-vive, je ne débranche jamais. Je finis par me demander si cette quête de mieux-vivre ne conduit pas plus à l’angoisse chronique qu’au bonheur ! ”

Sortir du lot, s’affirmer, trouver du sens à sa vie, trouver le sens de sa vie, découvrir sa “ légende personnelle ”, telle est aujourd’hui la quête la plus partagée. Une quête qui a renoncé à se satisfaire d’une vie faite de hauts et de bas pour ne viser que les hauts. S’aimer davantage, renforcer la confiance en soi, améliorer ses relations affectives et professionnelles, se décharger du fardeau de la culpabilité. Si on ne peut mettre en doute le bien-fondé de ces objectifs, on peut toutefois s’interroger sur la lourde charge qu’ils font désormais peser sur l’individu. “ Be yourself ”, ordonnait le célèbre slogan de Calvin Klein, assimilant le moi à un trésor dont la découverte nous assurerait le bonheur pour l’éternité. Pouvoir de se découvrir, pouvoir de s’inventer, la toute-puissance serait-elle à notre portée ? “ La liberté de l’individu n’est pas absolue, avance le sociologue Jean-Claude Kaufmann (2). Contrairement à ce que tente de nous faire croire le discours dominant, chacun ne peut pas inventer sa vie comme il le rêve. Nous ne pouvons qu’arbitrer entre des possibles différents, choisir une option ou une autre. Et c’est ce pouvoir d’arbitrage qui est décisif. ”

Être heureux, un devoir

Pour le sociologue, non seulement inventer totalement sa vie est illusoire, mais ce fantasme peut se révéler dangereux. “ Un des pièges les plus fréquents de l’invention de soi est l’emballement anarchique des projets de vie qui ne se réaliseront jamais, quand le petit cinéma intérieur devient fou. Il faut savoir rêver et se laisser aller au rêve, mais sans abandonner le contact avec la vraie vie, le bonheur de l’instant présent. ” Chantal s’est passionnée très tôt pour le développement personnel. Elle a collectionné les stages de connaissance de soi et de travail sur les émotions et les relations. “ Je crois que j’ai tout essayé en matière de travail sur soi, dit-elle dans un petit rire. C’est tellement passionnant de se découvrir, de prendre conscience de ses ressources, de son potentiel inexploité. Sauf que plus on découvre son potentiel, plus on découvre ses failles et ses limites. On est dans un tel désir de perfectionnement de soi que c’est un travail sans fin. À un moment donné, je me suis dit stop ; je n’arrivais plus à prendre les choses comme elles venaient, tout me posait question et il fallait que je trouve les réponses, c’était épuisant. Je me suis rendu compte que je perdais ma spontanéité et que je me prenais la tête en permanence. Aujourd’hui, je pratique le lâcher-prise, je sais que je ne peux pas tout maîtriser, et si je me plante dans certains de mes choix, tant pis, c’est la vie. Fini le désir de perfection ! ”

Dans son essai “ Pourquoi les femmes se prennent la tête ? ” (3), Susan Nolen-Hoeksema, professeur de psychologie américaine, évoque le nouveau mal qui frappe les femmes : l’“ overthinking ”, en clair la “ rumination mentale non-stop ”. “ Les femmes, constate la psychologue, passent d’innombrables heures à ressasser pensées et sentiments négatifs. ” Soucieuses de mener de front et avec succès vie familiale et vie professionnelle, plus sensibles que les hommes aux discours psys, les femmes sont aussi plus portées à se remettre individuellement en question et plus promptes également à labourer les champs de la culpabilité. “ J’étais fan de Dolto, s’enflamme Lucie, quarante et un ans, passionnée de psychanalyse. Mais aujourd’hui, j’en arrive à ne plus supporter les conseils des uns et des autres sur la façon de construire son couple, d’élever ses enfants ou encore de mener sa carrière. Franchement, quand on voit tous ces psys et ces coachs nous donner des leçons à longueur de temps, j’en arrive à réagir de manière primaire : qu’ils nous fichent la paix ! Quoi qu’on fasse, on a toujours l’impression d’avoir tout faux. ”

L’invasion de la psy dans nos vies serait-elle responsable de l’hypertrophie de nos egos modernes et de la souffrance qui en découle ? “ Plus que du discours psy, explique le psychanalyste Jacques Arènes (4), je parlerais plutôt d’une vulgate psychologisante, c’est-à-dire un discours social sur l’intériorité des individus. On les exhorte à libérer leur parole et leurs émotions, à en finir avec la culpabilité, à faire de leur vie une création, etc. Or, ce que j’entends dans ce discours n’est pas une incitation à se libérer mais plutôt à éviter la souffrance qui est inhérente à notre humanité. Faire de sa vie une création révèle une angoisse vis-à-vis du temps, on veut marquer quelque chose dans le temps. ” Pour le psychanalyste, la passion actuelle de notre société pour l’ego et sa mise en scène ne seraient qu’un déni, le désir d’occulter ce que nous redoutons tous : la mort. Au fond, nous serions sommés de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour devenir tous libres, minces, jeunes, heureux et... immortels, et tant pis pour ceux qui ne relèveraient pas le défi. “ Dans notre culture de la performance, les échecs et la souffrance deviennent source de culpabilité, comme si on avait fait quelque chose de travers pour ne pas les éviter. C’est oublier que c’est aussi et surtout dans ces moments-là, dans les déchirures de la vie que l’individu, confronté à ses limites, peut poser des actes de vraie liberté. ” Marine, trente-six ans, a caché de son mieux à ses collègues l’épisode dépressif qu’elle a connu après la mort de son frère dans un accident de voiture. “ Trois mois plus tard, j’étais censée avoir fait mon travail de deuil, comme on dit, je prenais mes antidépresseurs discrètement et je me forçais à rire avec les autres. En gros, mon temps d’abattement devait être politiquement correct pour ne pas poser de problèmes dans mon service. Le pire, c’est que j’en étais arrivée à me demander si je ne tombais pas en dépression ; c’est un psy qui m’a secouée en me disant : “Perdre un être cher, ça a un prix, c’est celui que vous payez, ce n’est pas une dépression.” ” Paradoxe d’une culture où l’on est noyé sous les conseils pour exprimer ses émotions, chouchouter son moi et apaiser son mal-être, mais qui n’offre qu’une faible tolérance aux manifestations de souffrance des individus.

“ Notre société qui valorise l’individualisme a peur de la souffrance, affirme Isabel Korolitski, psychanalyste. La souffrance est honteuse, elle ne doit pas se voir. Or nous passons tous par des pertes, par des hauts et des bas. Bombarder les gens de conseils pour aller bien alourdit le fardeau de ceux qui, traversant des moments difficiles, ont à gérer et leur douleur et leur culpabilité de ne pas répondre à ce que l’on attend d’eux. ”

Vers un nouvel égoÏsme ?

Joëlle, trente-neuf ans, a été opérée il y a quatre ans d’un cancer du sein. Et le plus difficile, dit-elle, a été de réussir à se dire qu’elle était victime et non pas responsable de sa maladie. “ On a tellement lu et entendu dire qu’on est responsable de ce qui nous arrive, que la maladie a toujours un sens, que le corps dit ce que notre tête ne veut pas entendre que j’ai commencé par me sentir coupable de mon cancer. Cancer du sein, je me suis dit que ce n’était pas innocent, ça parle de la féminité, de la maternité. J’ai passé des heures et des heures à ressasser mon parcours de femme, de mère, de fille. Il fallait que je trouve la cause, il fallait que je trouve un sens à ce qui me tombait dessus. Jusqu’au jour où une immense colère a explosé en moi, une envie folle de hurler à l’injustice, j’étais trop faible pour pouvoir préparer l’anniversaire de ma fille et je ne le supportais pas, j’ai jeté à la poubelle tous mes cahiers de notes, et j’ai pleuré vingt-quatre heures sans m’arrêter. J’étais malade, j’avais peur de mourir, c’est tout ce qui comptait, c’est cette colère qui m’a sortie de ma passivité.”

Cacher la souffrance, cultiver le bonheur comme une plante rare et précieuse, le souci de soi ne serait-il pas la voie royale pour l’égoïsme ? “ Oui, affirme le psychanalyste Jacques Arènes, lorsque l’on est persuadé qu’on peut se construire tout seul sans l’aide de l’autre. Chacun doit trouver son lieu, mais cela ne peut se faire que dans le regard de l’autre. Or aujourd’hui, on ne se reconnaît plus comme ayant reçu quelque chose de l’autre, on se construit tout seul, sans dette ! Et si l’on se réfère à l’autre, c’est pour nous conforter dans notre position de victime. Mon couple va mal, c’est la faute de mon partenaire ; mon enfant travaille mal, c’est la faute de l’Éducation nationale ; dans notre culture, l’autre est le bouc émissaire de nos problèmes personnels. ” Pour Jacques Arènes, on peut prendre soin de soi sans pour autant bannir l’autre. “ Il suffit de l’intégrer dans sa réflexion. Lorsque mes patients se posent des questions sur la validité de tel ou tel choix, je leur demande ce qu’en pense leur entourage. Si plusieurs personnes qui vous connaissent bien vous conseillent tel choix, cela mérite d’y réfléchir. Je pense que la capacité d’intégrer le regard de l’autre est ce qui nous empêche d’être égoïstes. ”

Chantal, qui a derrière elle de longues années de “ pratique du moi sous toutes ses coutures ” via des stages et des ateliers de développement personnel, reconnaît en avoir eu assez de s’“ ausculter en permanence ”. “ Trop de moi tue le moi, résume-t-elle. À ne penser qu’à soi, on devient rigide, dogmatique et insensible. Il y a un côté qui me dérange dans “si chacun chouchoutait bien son ego, il y a aurait moins d’agressivité et de frustration”. C’est sans doute vrai, mais la solidarité, l’engagement pour des causes, ça fait aussi bouger les choses ! ” Pour Isabel Korolitski, le souci de soi ne conduit pas forcément à l’égoïsme. “ Si l’on accepte la part d’inconnu en soi, si on prend le temps de se questionner plutôt que d’appliquer des recettes toutes faites, si on ne cherche pas à combler toutes les failles en soi, alors seulement on peut être dans sa singularité et entrer en relation avec l’autre. ” Se mettre à l’écoute de soi pour mieux entendre l’autre, sa différence et sa richesse, c’est sans doute cela le sain souci de soi.

(1) “ Choisir la psychanalyse ”,

éditions de La Martinière.

(2) “ L’Invention de soi. Une théorie de l’identité ”, éditions Hachette Littératures,

coll. “ Pluriel sociologie ”.

(3) Éditions JC Lattès.

(4) “ Souci de soi, oubli de soi ”,

éditions Bayard ; et avec Nathalie Sarthou-Lajus “ la Défaite de la volonté : figures contemporaines du destin ”, éditions du Seuil.

9.12.05

UNFCCC- LAST DAY- Boule et BILL















Dernier jour au Palais des Congrès, dernier jour de cette 11e conférence des Parties, ici à Montréal.

Et quelle ne fut pas la surprise d'apprendre que Bill vient nous rendre visite! L'effet ne se fait pas attendre, surtout auprès des ONGE, qui ont trouvé là un allié (de surcroît américain) de poids pour essayer de faire infléchir l'administration Bush ou tout au plus d'exhorter le monde d'avancer sans le poids lourd nord-américain.

Les médias sont bien évidemment au premières loges, en rangs serrés, objectifs pointés sur la direction que la rumeur des couloirs a fait circuler comme étant le point d'arrivée de l'ancien président. La rumeur étant ce qu'elle est, c'est par une autre entrée que Bill Clinton fit son entrée, sous les ravis et applaudissements de la foule.

Présenté par le maire de Monrtéal, M. Tremblay, qui n'en manque pas une de faire la une locale, Bill a tenu un discours d'une bonne demi-heure, plus solide que celui d'Arnold, ponctué de chiffres solides et d'une bonne connaissance en la matière. Et surtout sans texte. Certes, le discours était souvent ponctué de "many jobs" et "money" et ressemblait par moments à un programme électoral démocrate, mais l'espoir né d'un tel discours valait la peine.

Après ça, l'ambiance était moins morose (suite au blocage politique continuel des États-Unis en la matière) mais les kiosques commençaient à être démontés petit à petit et les au-revoir des têtes cotoyées pendant près de deux semaines se faisaient par le biais de sourires cordiaux.

Voilà. C'est la fin du blog UNFCCC. Les conclusions politiques de cette conférence seront mieux expliqués dans les médias et seront disponibles je pense dans la semaine dans les grands quotidiens.

On m'a fait remarquer qu'un blog pouvait être vu comme l'expression de l'égocentrisme. J'appelle ça du partage, mais la raison profonde d'être lu (du moins de sentir la possibilité de) et de partager ce que l'on vit tous les jours, des réflexions que l'on a, des rêves voires des soucis ou interrogations ne me semblent pas vraiment du domaine de l'ego. Et si on a tendance à ramener tout à soi, c'est peut-être tout simplement parce que l'humain a compris que l'on dirige sa vie où on veut bien qu'elle aille. Quoiqu'il en soit, je rajouterai de temps en temps les textes que je trouve à même de partager.

En attendant, je vais profiter de la fin de semaine... avant de m'envoler quelques jours pour l'Ouest Canadien!

8.12.05

UNFCCC-JOUR 11-BACK TO THE FUTURE...















Ce matin était mon dernier jour de garde des posters du kiosque. Plate en maudit... Personne n'est venu demander ce qu'était O... alors je suis péniblement resté debout, écoutant le concert d'à côté, bavardant avec mes anciens collègues du ministère. Vivement 13h pour...

...rejoindre la conférence donnée par la FRANCE sur ce qu'elle fait (pas) sur le problème des CC! Ça y est, mes oreilles reconnaissent le doux accent ponctué de "mais bien sûr...", "tout à fait monsieur...", " oh-oh-oh-oh-oh"(très dur à faire: technique dite de la bouche en cul de poule).

Je m'installe donc en avance, un sandwich volé à la sauvette. (La France étant un des pays les plus pauvres, elle s'est abstenue d'offrir un repas à l'assistance.)

Une quarantaine de personnes (30% de la salle) présents pour une conférence donnée en langue française (avec traduction par casque disponible). Parmi les présents, j'évalue à 80% la présence de français. Je reconnais Brice Lalonde, ancien ministre de l'environnement et une brochette de jeunes loups d'une trentaine d'années, cheveux courts gominés vers l'avant, petites lunettes et rasage de près. Et dents longues. Ça se voit au menton bien relevé et l'air fier d'occuper de postes probablement proches du POUVOIR! (Seigneur Frodon sauvez-nous!)

L'actuelle ministre de l'environnement, Nelly Olin, pour qui une passion soudaine pour les questions d'environnement a propulsé à ce poste cette dame habituée au monde politique il y a quelques mois, commence son discours. Elle remercie de façon protocolaire quelques messieurs bien placés et mes oreilles bondissent à l'évocation de "monsieur le premier ministre..." Damned, le premier ministre est là! Mes oreilles ont auculté la suite... "... Alain Juppé!". Ah ben Cr... de Tab... de Cali... de Sainte-Bénite! Alors voilà, Môssieur Juppé, ancien premier ministre français de 1995 à 1997, exclus de son poste par la pression populaire, puis devenu inélligible car reconnu coupable de plein de choses, professeur invité de l'Université de Montréal depuis septembre, est là, à cinq (5!) mètres de moi! Et on l'appelle encore "monsieur le premier ministre!" (Ce sera encore répété par la suite de la bouche du président régional d'Alsace, seule région de droite parmi les 22...).

Le discours commence. Chouette, ça part comme j'aime! La France est la meilleure, la France donne l'exemple, la France porte le message de l'espoir, la France a tout compris et agit, la France, la France, la France. Je suis issu d'un pays extaordinaire, je n'en ai jamais douté. Suit un autre panéliste, Marc-Antoine (comme l'empereur romain) de son prénom, probablement issu d'une famille aux revenus modestes. Pas mal la présentation qui présente la coopération internationale et les liens franco-lituaniens. Pas mal car ça m'intéresse. Non, c'est vrai aussi que ça à l'air bien cette valorisation de chauffage au bois.

Entre les présentations, ça se sourit, ça s'amuse, ça se connaît. Cercle fermé, tout content de se retrouver en voyages "d'affaires" qui plus est à Montréal, destination fantasme française par excellence, chez ces "gaulois américains". (Je cite).

Bref... après les présentations, je n'ai pas attendu les questions posées par des français à des français répondu par des français à des français. J'ai aussi voulu éviter le traditionnel léchage de cul que s'effectuent à tour de bras et de langues tous ces arrivistes de bas étages, stagiaires non payés et exploités compris. Quant aux actions véritables, oui il y en a, mais a en regarder les moyens face à ceux de la Défense Nationale ou des coups de pouce économiques, on voit tout de suite où sont les priorités.

La politique française, ça ressemble à la cour de Louis XIV, mais en costard- cravate. J'aurais préféré qu'ils aient des perruques et des longues robes à fleur de lys, la reconstitution aurait été plus crédible.

UNFCCC-JOUR 10















Hier, mercredi, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup plus de monde. Plus de cravates. Les ministres sont donc arrivés, et on pouvait donc les voir défiler un par un, trois minutes en poche, pour s'exprimer face à l'audience. Un défilé de tailleur, brushing, cravate, litotes voire hyperboles, textes à rallonge pour certains, texte émouvants ou directs pour d'autres, langues de bois, insinuations... tout y était, en espagnol, anglais, français, arabe... La démocratie battait son plein. L'audience, un peu moins. Une grande salle pleine de sièges vides s'étendait derrière mon dos. Mes yeux attentifs fixaient le sablier géant qu'Équiterre, l'ONGE locale québécoise, avait donné à MC Steph-l'âne Dion (ministre de l'environnement du Canada, particulièrement impopulaire).

Le matin, Paul Martin, premier ministre renversé il y a une semaine, avait effectué un discours enclins à croire qu'il était devenu environnementaliste. Discours visant les USA à rejoindre le monde afin de combattre (que j'aime ce terme!) les changements climatiques, nouvel enemi de l'humanité, se ralliant derrière le panache blanc (de l'énergie nucléaire?), non, de la colombe fraternelle.

Jacques Chirac, a préféré s'exprimer directement au lieu de laisser parler sa ministre de l'environnement. Fidèle militant écolgiste déclaré depuis peu, Jacques nous a adressé un discours fraternel, lui-aussi d'essayant dans la diplomatie afin de faire tourner la girouette administrative de Bush. Clinton est même venu dire au monde "allez-y sans nous les gars (oui, il est comme ça Bill...) nous, dans deux ans on vire Bush, on signe/ratifie tout ce qu'il faut et on vous rejoint." Mais ça a pas suffit et pour l'instant l'optimisme n'est pas de rigueur chez les environnementalistes. Chose positive, au moins ils auront du boulot. Ben oui, ça paye la contestation vous croyez quoi? Noooooon, mais pas forcément en argent (tout de suite, le fric!), mais en VIE! Il y en a qui passe leur vie dans ce genre de lutte, une raison entière de vivre! En plus, avec les CC (bon vous êtes habitués, CC=Changements Climatiques) même leurs enfants pourront combattre toute leurs vies aussi!

Sinon il y avait aussi une conférence du Pew Center, un organisme américain qui se veut pragmatique pour lutter (ah, quelle belle image!) contre les émission de GES. Pragmatique, ça veut, utilisons la technologie, les outils économiques actuels, les acteurs actuels etc, et nous y arriverons. A priori je serai pas contre. Ça s'appelle le consensus. Ainsi donc, comme panéliste il y avait une dame de WWF, un monsieur de Shell, un monsieur de BP et un monsieur producteur de charbon. (Et trois autres personnes sans intérêt). Hum...

Si le consensus veut dire qu'il ne faut pas faire de relation entre notre mode de vie, notre système production/consommation et changements climatiques/problèmes environnementaux, j'ai déjà plus de mal. Mon consensus (pourtant très diplomatique!) a lâché quand j'ai compris que la pensée dominate s'en remettait au "marché", roi, que dis-je Dieu de ce monde. Dieu va tout réglé. Le marché va tout réglé. La dernière question du public aux panélistes était: "pensez-vous qu'en ce temps des fêtes, le marché soit comme le Père Noel, qu'il va tout réglé à lui-seul?". Curieusement, après une seconde de frois, l'animatrice (du Pew Center) a sourit puis a remercié les conférenciers d'être venus etc... Fin de la conférence, on se met la tête sous le tapis et on ferme. Rideau.

6.12.05

UNFCCC-JOUR 9- Polar bear in danger...















Aujourd'hui c'était la journée de l'arctique, coincidant avec l'arrivée discrète de tous les ministres de l'environnement des pays. Les ours blancs étaient donc parmi nous. Même dans le Palais des Congrès. D'ailleurs, il est agréable de penser que la liberté d'expression dans ce genre de colloque est respectée puisque ces ours de Greenpeace sont libres de vaquer au milieu des kiosques et des conférences présents.

Ce matin, j'ai une nouvelle fois tenu le kiosque de O. continuant à progresser dans l'apprentissage de la verve vocale. Mais cette fois, peu de monde est venu s'arrêter, mis à part un français présent au Québec depuis 42 ans, et qui a travaillé sur les chantiers du Nord lors de la construction des grands barrages hydroélectriques. À part ça, j'ai pu assister de là où j'étais posté à un concert d'un jeune qui jouait du didjéridou/tam-tam/beat techno et d'une représentation dansée et chantée d'Inuits en costume traditionnel en peau de phoque.

L'après-midi je suis allé voir une conférence sur ce que faisait la Californie, avec son célèbre gouverneur Schwartzy. Les trois panélistes nous ont présentés des chiffres, des phrases, des courbes qui montent puis qui baissent dans le futur. Une des panéliste nous a lu un morceau du discours de Terminator : "The debate is over. We know science. We know the threat and we must agir." Bon je vous traduis parce que je suis sûr que vous avez pas compris. (Oui, à force de suivre les conférences en anglais, je suis devenu complètement fluent!)

Contexte: un homme-robot qui sort d'un nuage de fumée. Il a tout compris. Les autres, nous, les terriens, n'avons absolument rien compris. Il s'adresse à la foule, hagard qu'une personne puisse aligner quatre mots de suite à autant de personnes à la fois. Il va nous mener à la solution. C'est normal, il a une intelligence supérieure, il vient d'une autre contrée. Il a compris qu'il y avait un problème, il a réussi à décoder les données scientifiques, il appelle ça les "changements clitiques". Oui, oui, "clitiques". Parce qu'il n'a pas bien entendu le dernier mot qu'on lui a dit. Mais c'est pas grave. Arnold Schwarzenegger est devenu gouverneur de la Californie pour sauver la Californie, puis nous sauver nous. S'il a le temps. Car comme il dit: " Time is running".

J'étais très soulagé d'entendre autant de choses rassurantes. J'avais la joie au ventre, le sourire exalté, les larmes aux yeux. Sauf que j'ai pas compris pourquoi il n'y avait pas de générique de fin (?).

Alors après, pour fêter cette victoire, je suis allé au pavillon de l'Union Européenne pour me ressourcer un peu. Eux, au moins, ils ont un peu plus compris. D'autant plus qu'il y avait du boeuf bourguignon à manger...

5.12.05

UNFCCC-JOUR 8















Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de monde, c'est indéniable. Sans doute la soirée a fait grand bruit...

De nouveaux kiosques, dont celui de la Californie, avec la tête de Scharwzenegger (en bas à droite de l'affiche de la photo) en héros/sauveur des changements climatiques.

Une conférence aujourd'hui sur ce qui se fait au Brésil en matières de Mécanismes de développement Propre (un gouvernement riche investit dans des projets dans des pays en développement pour gagner des droits-crédits pour polluer).

5 ministres brésiliens se succèdent. Pompeux. Mais en cravate. Et dîner aux participants offerts. Alors forcément ils m'ont acheté leur sympathie. Sauf qu'il y avait plein de déchets en plastique (suremballage) après. Alors le ventre plein, je ne les ai plus aimé.

Je me demandais si je m'habillais en costard cravate si le regard qu'on pose sur moi changerait. Il faudra que j'essaie avant vendredi.

Ben à part ça, les négociations sont toujours secrètes. À l'intérieur de l'UE pis entre l'UE et les gros (Chine, Inde, USA). Ça doit se tirailler dur, mais ça, on y pas droit.

Pas grand chose à raconter aujourd'hui, finalement!.

4.12.05

UNFCCC-FIN DE SEMAINE















Samedi, c’est la grande manifestation qui a pour but d’éveiller les consciences sur les réalités des changements climatiques. 6 000 manifestants, 40 000 selon les organisateurs, une température glaciale et une ambiance bon enfant. Le premier chiffre reflète plus la réalité que les avancées démagogiques des organisateurs, toujours empreints de vouloir se sentir soutenus par une masse innombrable type révolutionnaire. Le trajet s’effectue le long de la rue Sainte-Catherine, haut lieu de consommation surtout un samedi après-midi. Et pendant que les sympathisants rigolent, dansent, jouent du tambour ou marchent en plaisantant, d’autres continuent leurs achats, regardent d’un œil amusé ou changent de rue dans une indifférence totale. Gilles Duceppe, politicien québécois agissant sur la scène fédérale fait son irruption entouré de 6 gardes du corps dans le cortège, entouré d’une nuée de médias, puis disparaît après une demi-heure. Le ministre de l’environnement du Québec, avocat de formation, s’est habillé tout en vert sous les couleurs de Parc Québec (ONF pour la France) et essaie d’être dans les premiers plans télé.

Des ours blancs sur deux pattes dansent. Des petits, des grands, des jeunes, des vieux, des syndiqués, des anarchistes pubères… toute la société est représentée.

Le soir, c’est le party organisé par les ONG et ouverts uniquement à celles et ceux qui ont un badge officiel. Je me retrouve donc dans une ambiance survoltée, emmenée par une DJ Champion, phénomène musical montréalais de ces derniers mois, entouré de personnes que je reconnais avoir vu au Palais des Congrès dans la semaine, encravaté, entailleurisé, sérieux et une malette en cuir àa la main. Cette fois, la bière remplace le portable, le sourire a chassé l’air concentré, la danse supplante le pas pressé du couloir… le contact est facile, en anglais, en français, en chinois… Une osmose s’établit, tout le monde est ici pour évacuer le stress de la semaine (enfin personnellement, le stress… connais pas…) et pour rencontrer, s’amuser etc… Un moment inoubliable de voir cette diversité, de tout âge, du monde entier, être aussi décontractée, aussi souriante… grand moment d’émotion !

Et le pire, c’est que lundi, le portable et le pas pressé vont revenir au goût du jour. Cette fois, probablement avec un sourire complice en prime…

2.12.05

UNFCCC - JOUR5 - LES BRUITS DE COULOIR















Dans de tels moments, tout ce joue dans les couloirs et dans les salles soigneusement fermées et réservées aux délégués. Les plénières servent seulement de paravent où se déroule l’expression officielle, de ce qui a été décidé bien avant.

À peine assis sur une banquette de couloir, mes yeux, jusqu’alors occupés à lire le bulletin officiel qui résumé les avancées diplomatiques de la veille, laissent soudain la place aux oreilles, interpellées par les messes basses d’un groupe de trois personnes (que je reconnais bien vite,d’une grande ONGE québécoise). Les renseignements sont frais. Dommage que je n’en comprend pas un traître mot, j’aurais pu le revendre à mon désormais ami le journaliste requin de LaPresse.

Officiellement, les banquettes servent à tapoter sur un ordinateur portable, si j’en crois les personnes que j’observe. Je soupçonne maintenant qu’elles aient été créées dans un but d’observation stratégique, telle un cheval de Troie anodin. J’observe donc maintenant les faits et gestes des gens qui vont et viennent le long de ce couloir. C’est mon exercice préféré. J’ai pu l’expérimenté lors de mon voyage en Europe Centrale et c’est le meilleur moyen de découvrir les autochtones de la place quand on ne comprend pas la langue.

Je m’aperçois tout d’abord que je reconnais de plus en plus de têtes. En y réfléchissant, c’est le principe de l’aquarium. La mosaïque des poissons y évoluant est grande, par l’origine des personnes tout d’abord, mais aussi par la diversité des comportements. Bien que la majorité sont en tailleur ou bien en cravate, apparence sociale vestimentaire de rigueur dans ce genre d’événement, on devine qu’il y là aussi bien des hauts représentants (cheveux gris, plus souvent des hommes que de femmes) que des jeunes cadres dynamiques new wave (cheveux gominés ou brushing, voire piercing), journalistes, photographes, agents de sécurité, ONGEistes (vêtements colorés et/ou bariolés) et observateurs (comme moi). Mais il y a aussi des personnes dont je cherche encore le rôle qu’ils ont. Je les mets donc dans « observateurs ».

L’anglais évidemment domine les échanges et les comportements varient entre la concentration extrême (visage fermé, yeux rivés), réflexion (yeux dans le vague, bouche semi-ouverte), échanges passionnés (gestuels), studieux (le pas et l’écriture effréné) mais surtout beaucoup de sourires, de rigolades, de chaleur entre les gens. Il n’est pas rare, comme je l’avais déjà dit, qu’une personne vous sourit sans raison. (Ou alors il y a un truc que je n’ai pas compris… ).

Dans les couloirs, des télévisions retransmettent soit le programme des conférences et de l’ordre du jour des séances plénières, soit la retransmission directe des échanges en plénière (disponible en direct au http://unfccc.streamlogics.com/unfccc/agenda.asp).

En y réfléchissant, cette ambiance me rappelle une ambiance d’aéroport…

Bon, c’est pas tout ça mais je vais être en retard à la conférence du PNUD (Nations Unies Development Program, en gros) sur l’efficacité énergétique. Dans les conférenciers, c’est la cravate et la veste foncée de rigueur. Mais souriant. Ils nous expliquent que les normes d’efficacité énergétiques sont différentes d’un continent à l’autre, que tous les produits ne sont pas concernés et que l’établissement des normes par voie politique est un excellent moyen de rendre les produits moins énergivores par les industriels. Pour info, quand vous achete(ere)z un réfrigérateur, il y a une étiquette avec des barres de couleur qui indique si le produit choisi consomme beaucoup d’électricité ou pas. Les conférenciers passent et présentent des cas. Tunisie, Inde… tiens, un français, reconnaissable àa sa cravate jaune, son air décontracté, sa gestuelle « jesaistoutlaissezmoifaire » et bien sûr son accent.

Je réfléchis.

Ils sont en train de nous embrouiller grave. En gros, pas de changement de cap, juste quelques pansements… Une légère atténuation.

Tous appuient leur raisonnement sur le fait que l’efficacité énergétique va permettre de faire gagner des $ pour le consommateur, qui va alors diriger le marché vers les produits plus écono-énergétiques. Et tous disent alors qu’une forte réduction de la consommation d’électricité et donc d’énergie, reliée au produit, est attendue. Certes, certes, certes, messieurs. Mais les consommateurs, quand ils économisent de l’argent, ils font quoi avec après ? Ils consomment encore plus ! Le raisonnement est donc idiot car autant pour les émissions reliées au produit vont être en baisse, autant il va y avoir une consommation d’autres produits. Un joli transfert d’émissions en somme. Et ça travaille au PNUD. J’imagine que si je pense à ça, alors il y a bien au moins une autre personne qui y pense, et donc qui va poser la question à la fin de la conférence. En tout cas, on est loin du raisonnement "production-croissance-consommation-émissions gaz à effet de serre". Pourtant si logique.

Pour l’heure, après deux heures de présentations j’ai faim et je dois aller chercher la carte de métro qu’ils donnent gratuitement pour inciter à prendre les transports en commun. Ça m’arrange, j’ai arrêté de prendre le vélo il y a quelques jours.

La bouffe est bonne. Surtout quand on a faim !

Le restant de la demi-journée (le matin j’étais au bureau… d’ailleurs dur-dur de retourner à son train-train quotidien après de telles stimulations !) n’est pas très intéressant… Et demain c’est la grande manifestation. Faut que je me prépare !

1.12.05

UNFCCC - JOUR4















Aujourd’hui, conférence très scientifiques sur le pourquoi du comment des raisons qui font qu’on observe un réchauffement climatique. Surpris de bien comprendre (donc suivre) l’anglais qui était proposé. Mais difficile de se concentrer sur toute une présentation ! Heureusement il y avait les gentils gens de mon organisation et des cookies au chocolat à la pause…

Après, hop ! direction à une conférence au Palais des Congrès d’un organisme environnemental régional sur l’Europe centrale et de l’Est. Là, des conférenciers bulgares, roumains et ukrainiens se succèdent pour tous dire la même chose : manque de financement, de ressources humaines et d’intérêt politique. Un peu déprimant… que penser de pays en développement qui n’ont pas le niveau de cette Europe là ? Restons positif, cela ne peut aller que dans le bon sens et SURTOUT le fait que ces gens hauts placés puissent dire ouvertement ces choses-là prouvent que la démocratie est installée, au moins dans la liberté de parole à l’étranger !

Après un passage au pavillon de l’Union Européenne où se situent les meilleurs repas (découverte du jour) je file prendre mon tour de garde au kiosque où sont présentés les posters de mon organisation chérie. Là je (re)découvre des personnes qui travaillent dans différents ministères du gouvernement du Québec. Je découvre également mon côté social, souriant, communicatif et à l’aise. Ben oui, quoi, ça paraît pas si évident de se connaître en public ! Et donc je prends pas mal de plaisir à expliquer le pourquoi du comment des raisons de l’existence de O. Et puis tombe rpidement dans un dilemme existentiel – professionnel. Comment répondre aux gens de bonne foi qui viennent vous voir désabusés, des gens de la rue, non des activistes ou des gens particulièrement informés, non des gens avec leurs sensibilités propres appliquées à l’environnement. Souvent ils demandent « Ouais, comment ça se fait que le gouvernement y fait rien, y se bouge pas, pis qu’on a l’air de passer pour des bandits environnementaux alors qu’on est riche, et que les autres qui déforestent, lô, y le font passkils ont pas le choix et pis nous autres, on est riches et pis… »… Mes bons messieurs, je pense hélas comme vous, en plus virulent même ! Vous êtes bien gentils d’être si polis !!

L’avantage d’être à O., c’est qu’on a une mission précise et objective qui est de fournir des données. La prise de décision politique, nous, c’est pas notre affaire. Alors je me détache doucement du pavillon et discrètement leur lance que oui je suis d’accord avec eux, mais que c’est aussi à nous, citoyens de faire notre part (hélas, les gens que j’ai rencontré ne semblaient pas faire partie de la couche sociale hautement consommatrice… je suis sûrement mieux placé qu’eux en terme de classe sociale (il paraît que ce terme ne dit plus… on dit catégorie socio-professionnelle…)) que la meilleure chose à faire c’est de soutenir des ONGE pour maintenir une certaine pression sociale, ou encore de voter à gauche… (euh… centre-droit je voulais dire !... à moins que le nouveau parti de gauche québécois fasse son trou ?)

Mais quand je travaillais pour le gouvernement, quel dilemme de tenir droite sa casquette vissée sur sa tête, avec le discours officiel de l’employeur sans le mélanger avec son discours personnel qui est souvent à l’opposé !

Alors à tous ces gens croisés aujourd’hui : « merci de vous soucier de ça, c’est déjà ça ! Et comme je vous ai dit, parlez en autour de vous, faites la sensibilisation à votre échelle, veillez à vos gestes, apprenez les gestes quotidiens qui apportent une amélioration (il y en a plein !), restez intègres, et agissez à votre échelle… n’attendez pas de vos gouvernements… (mais votez quand même !). Et diffusez vos connaissances et vos sensibilités ! »