UNFCCC - JOUR5 - LES BRUITS DE COULOIR

Dans de tels moments, tout ce joue dans les couloirs et dans les salles soigneusement fermées et réservées aux délégués. Les plénières servent seulement de paravent où se déroule l’expression officielle, de ce qui a été décidé bien avant.
À peine assis sur une banquette de couloir, mes yeux, jusqu’alors occupés à lire le bulletin officiel qui résumé les avancées diplomatiques de la veille, laissent soudain la place aux oreilles, interpellées par les messes basses d’un groupe de trois personnes (que je reconnais bien vite,d’une grande ONGE québécoise). Les renseignements sont frais. Dommage que je n’en comprend pas un traître mot, j’aurais pu le revendre à mon désormais ami le journaliste requin de LaPresse.
Officiellement, les banquettes servent à tapoter sur un ordinateur portable, si j’en crois les personnes que j’observe. Je soupçonne maintenant qu’elles aient été créées dans un but d’observation stratégique, telle un cheval de Troie anodin. J’observe donc maintenant les faits et gestes des gens qui vont et viennent le long de ce couloir. C’est mon exercice préféré. J’ai pu l’expérimenté lors de mon voyage en Europe Centrale et c’est le meilleur moyen de découvrir les autochtones de la place quand on ne comprend pas la langue.
Je m’aperçois tout d’abord que je reconnais de plus en plus de têtes. En y réfléchissant, c’est le principe de l’aquarium. La mosaïque des poissons y évoluant est grande, par l’origine des personnes tout d’abord, mais aussi par la diversité des comportements. Bien que la majorité sont en tailleur ou bien en cravate, apparence sociale vestimentaire de rigueur dans ce genre d’événement, on devine qu’il y là aussi bien des hauts représentants (cheveux gris, plus souvent des hommes que de femmes) que des jeunes cadres dynamiques new wave (cheveux gominés ou brushing, voire piercing), journalistes, photographes, agents de sécurité, ONGEistes (vêtements colorés et/ou bariolés) et observateurs (comme moi). Mais il y a aussi des personnes dont je cherche encore le rôle qu’ils ont. Je les mets donc dans « observateurs ».
L’anglais évidemment domine les échanges et les comportements varient entre la concentration extrême (visage fermé, yeux rivés), réflexion (yeux dans le vague, bouche semi-ouverte), échanges passionnés (gestuels), studieux (le pas et l’écriture effréné) mais surtout beaucoup de sourires, de rigolades, de chaleur entre les gens. Il n’est pas rare, comme je l’avais déjà dit, qu’une personne vous sourit sans raison. (Ou alors il y a un truc que je n’ai pas compris… ).
Dans les couloirs, des télévisions retransmettent soit le programme des conférences et de l’ordre du jour des séances plénières, soit la retransmission directe des échanges en plénière (disponible en direct au http://unfccc.streamlogics.com/unfccc/agenda.asp).
En y réfléchissant, cette ambiance me rappelle une ambiance d’aéroport…
Bon, c’est pas tout ça mais je vais être en retard à la conférence du PNUD (Nations Unies Development Program, en gros) sur l’efficacité énergétique. Dans les conférenciers, c’est la cravate et la veste foncée de rigueur. Mais souriant. Ils nous expliquent que les normes d’efficacité énergétiques sont différentes d’un continent à l’autre, que tous les produits ne sont pas concernés et que l’établissement des normes par voie politique est un excellent moyen de rendre les produits moins énergivores par les industriels. Pour info, quand vous achete(ere)z un réfrigérateur, il y a une étiquette avec des barres de couleur qui indique si le produit choisi consomme beaucoup d’électricité ou pas. Les conférenciers passent et présentent des cas. Tunisie, Inde… tiens, un français, reconnaissable àa sa cravate jaune, son air décontracté, sa gestuelle « jesaistoutlaissezmoifaire » et bien sûr son accent.
Je réfléchis.
Ils sont en train de nous embrouiller grave. En gros, pas de changement de cap, juste quelques pansements… Une légère atténuation.
Tous appuient leur raisonnement sur le fait que l’efficacité énergétique va permettre de faire gagner des $ pour le consommateur, qui va alors diriger le marché vers les produits plus écono-énergétiques. Et tous disent alors qu’une forte réduction de la consommation d’électricité et donc d’énergie, reliée au produit, est attendue. Certes, certes, certes, messieurs. Mais les consommateurs, quand ils économisent de l’argent, ils font quoi avec après ? Ils consomment encore plus ! Le raisonnement est donc idiot car autant pour les émissions reliées au produit vont être en baisse, autant il va y avoir une consommation d’autres produits. Un joli transfert d’émissions en somme. Et ça travaille au PNUD. J’imagine que si je pense à ça, alors il y a bien au moins une autre personne qui y pense, et donc qui va poser la question à la fin de la conférence. En tout cas, on est loin du raisonnement "production-croissance-consommation-émissions gaz à effet de serre". Pourtant si logique.
Pour l’heure, après deux heures de présentations j’ai faim et je dois aller chercher la carte de métro qu’ils donnent gratuitement pour inciter à prendre les transports en commun. Ça m’arrange, j’ai arrêté de prendre le vélo il y a quelques jours.
La bouffe est bonne. Surtout quand on a faim !
Le restant de la demi-journée (le matin j’étais au bureau… d’ailleurs dur-dur de retourner à son train-train quotidien après de telles stimulations !) n’est pas très intéressant… Et demain c’est la grande manifestation. Faut que je me prépare !
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