29.11.05

UNFCCC - JOUR2

JOUR 2-MARDI – ALORS, ÇA GAZE ?

Ce matin, il pleut. Bon signe, il ne neige donc pas, les trottoirs ne sont pas gelés et la technique de marche façon pingouin n’est pas de rigueur. Donc vélo pour filer directement au CŒUR DE L’ACTION !!! (désolé, je m’emballe un peu…).

Aujourd’hui, je représente fièrement O., avec son kiosque intégré à celui du gouvernement du québec, juste en face de celui de l’Alberta, la province canadienne la plus réticente au Protocole de Kyoto car remplie de gisements pétroliers. Je rencontre donc mes ex-collègues de divers ministères québécois et très rapidement cette impression que ces gens-là sont ici par décision hiérarchique supérieure et non par sympathie pour la cause environnementale.

Mais je suis à l’aise, je lie rapidement contact avec ces gens puis avec la gentille madame qui fait la sécurité et qui vaque de droite à gauche (parfois même de gauche à droite) de façon à nous assurer un maximum de prévention sécuritaire. Mon boss me rejoint rapidement, toujours souriant et je ne tarde pas à rencontrer soit des personnes que je connais, ou d’entamer des discussions avec tous ces gens. Cela me permet d’évaluer mon niveau sur O. Ça va je suis au point, j’ai l’air de maîtriser mon sujet. Une personne de la Défense Nationale veut des renseignements sur la possibilité de faire de la sensibilité au sein de cette structure. Je lui explique et le guide vers de plus amples renseignements. Ça va, je gère pas trop mal, j’ai l’air crédible, avec ma chemise verte genre environment for ever. Là une caméra se pointe. Bon, comme à son habitude, mon boss est sollicité en anglais pour répondre à diverses questions. Une attachée de presse cherche également une personne d’O. susceptible de répondre au journaliste environnemental le plus connu du Québec, LG Francoeur. L’équivalent de H. Kempf de LeMonde, avec 30 ans de plus. Je la dirige vers mon boss.

12h, l’heure est à la bouffe et je me dirige vers le Palais des Congrès. Chouette, je viens de me renseigner on a droit aux appareils photos ! A. m’a rejoint, elle va à une conférence mais rapidement je retrouve R. et on se dirige vers la table à manger. Nous entamons une file d’attente pour ce buffet gratuit, bien garni et qui de bouche à oreille finit par avoir de nombreux adeptes. L’assiette remplie et le repas entamé, R.G., une connaissance ONGesque bien calée (c’est sa 5e COP) vient s’asseoir à nos côtés et là, Ô surprise, LG Francoeur lui-même, himself, vient s’assoire à nos côté… On jase on discute on rigole, et je sens bien qu’il cherche mine de rien, des renseignements croustillants pour son article. Un collègue parisien de R. vient également se joindre à nous, nous raconte comment il a bavardé avec Chirac pas plus tard que il y a quelques semaines, et repart tout aussi rapidement qu’il est arrivé. Formidable. Cet endroit est magique, on y côtoie foule de monde, de dires, de monde qui ont vu du monde etc… L’après-midi est plus morne, nous vaquâmes encore et toujours…

Un moment de lucidité me traverse l’esprit. Tout ce qui me semblait si « inatteignable », les hautes personnes politiques, l’ONU, les instances prestigieuses, le monde qui y travaille, les responsables, les élus, les je ne sais quoi, tout ce beau monde ne sont que des humains comme vous et moi. Avec leurs soucis, leurs préoccupations, leurs intérêts etc… et ça sent pas très bon. Certes, tout ce beau monde se bouge pour un thème comme les changements climatiques. Mais sachant qu’avec 7 milliards de personnes il faudrait vivre comme un Indien d’Inde pour ne pas épuiser nos ressources ou bien diminuer d’un facteur 4 notre consommation d’énergie, je ne peux m’empêcher que chaque personne que je croise aujourd’hui doit avoir un rythme de vie bien au-delà de ce seuil. Car ce n’est pas le monde moyen que je croise là. C’est le monde haut de gamme, la haute classe sociale, la consommation azimute. Et plus je regarde parler, évoluer les gens, plus je recherche la concrétisation de toutes ces brochures, de toutes ces présentations, de tous ces discours. Ça parle, ça sait parler, mais c’est creux, c’est bien bien creux. Un éclair de lucidité bref mais qui me fait dire qu’il y énormément d’énergie pour pas grand-chose. Une façade. Et pas d’états d’âmes. Je m’aperçois de la rotondité de la Terre, de sa petitesse voire de sa fragilité, de son humanité si grande et en même temps si semblable, avec nos mêmes émotions, soucis, interrogations. Les gens du monde entier évoluent autour de moi, moi parmi eux. On se sent petit et en même temps, si grand, si proche de ces gens qui me paraissaient… virtuels, impressionnants… je ne comprends pas comment peut-on être « impressionner » par une personne, ce n’est qu’un humain en face de soi !

C’est sur cette réflexion que je finis cette journée. Pendant ce temps, ça débattait sur les termes employés pour les négociations.