Salut vous,
voici mes premières impressions de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques qui s'est ouverte aujourd'hui à Montréal, sous le nom étrange de COP (Conférence des Parties) 11ème du nom (COP11 pour les pros). 1 fois par année, les délégations du monde entier, sous l'égide de l'ONU viennent discuter du dossier. C'est là que le Protocole de Kyoto (mais si, faites un effort...) est né.
LUNDI-L'OUVERTURE
Je trippe comlpètement, je suis aux anges ! Vendredi, j'ai appris que j'avais "carte blanche" pour aller voir ce qui me plaisait comme conférences etc... et du coup, j'ai pris un peu d'avance dans mes dossiers pour passer mes journées (plus d'heures que mon boulot normal!!) au Palais des Congrès de Montréal. À côté de ce palais, mon organisation y partage un kiosque avec le gouvernement du Québec, au milieu de plein de kiosque des provinces canadiennes et du gouvernement fédéral. Dans ces kiosques, y a des affiches partout pour présenter ce que font ces gouvernements sur le sujet. (Généralement un bel effort de communication imagée pour cacher le néant.)
Dans le Palais, c'est l'émulsion. File d'attente, faut se faire créditer. Portique, fouille, on pose tout sur le tapis roulant, ça file aux rayons X, passage du portique, ça sonne (ceinture…), on écarte les bras et on sourit au gentil monsieur devant nous qui trimballe sur notre corps d’Apollon son engin qui clignote. On reprend les affaires, on sourit à nouveau à l’autre gentil monsieur et on file expliquer à la gentille dame (oui, ils sont tous gentils ici…) qu’on travaille pour O. On se fait prendre en photo par le gentil monsieur qui me demande à qui il faudrait qu’il envoie son CV car il aimerait travailler pour O. et me voici en possession d’une carte avec ma figure, mon nom, mon organisation et l etruc qui tue : « UNFCCC – United Nations Climate Change Chaipasquoi ». Merde, j’avais oublié que je vais devoir forcer mon anglais…
C'était donc le premier jour aujourd'hui et j'ai pu assister à une « pleinière », C'est-à-dire une réunion dans une grande salle où il y a des tables avec tous les noms des pays de l’ONU écrit en blanc sur fond noir, assis devant une tribune avec un président, et quelques acolytes. Derrière, il est écrit Conférence des Nations-Unies sur les Changements Climatiques. Bref, c’est au cœur de l’action, c’est dans un cadre comme cela que depuis 11 ans les pays discutent du problème et c’est dans ce cadre-là qu’est né la Protocole de Kyoto. Bref, ça arrache comme cadre, et je suis au cœur de l’action, au milieu de la pléthore gratinée du monde dans le domaine, oui, moi, petit avignonnais, du haut de mes trente nouvelles années et de ma queue de cheval capillaire qui fait le plus bel effet alternatif qui soit dans cette horde de coupes brushinguées. (Une façon personnelle de dire NON à cette uniformisation).
Alors le président parle. Un temps d’arrêt. Un délégué du pays de XXX émet son commentaire. Un temps d’arrêt. L’énorme caméra qui retransmet l’événement au monde entier filme, le cadreur lisant paisiblement son roman. À l’épaisseur du livre je comprends que ça va être chiant. Effectivement, les commentaires se succèdent, le président « propose ». On en est à l’adoption de l’ordre du jour, ça négocie pour chaque mot qui sera inscrit dans le compte-rendu, on est en début d’après-midi, et ce sera toute la journée comme ça. Normal alors que ça prenne 15 jours pour accoucher généralement d’une déclaration souris…
Mais soudain je comprends que je m’étais laissé envahir pas mon cynisme environnemental. Oui, c’est sûr, à ce rythme, on n’est pas prêt de sauver la planète. Mais je suis au milieu de l’expression du monde ! Les 7 milliards de personnes que nous sommes ont toutes une voix ici, par le délégué qui représente le pays, ton, son, mon pays ! Tout le monde peut s’exprimer, n’importe quel pays peut dire « merde les ricains vous faites chier quoi ! ». C’est ce qu’essaie d’ailleurs d’exprimer en termes plus politiques le représentant des Îles Tuvalu, au large de l’Australie, qui est dans un processus d’évacuation car le niveau des mers inonde les îles. Je suis en plein cœur du système démocratique. À l’ONU, ça doit être pareil… C’est formidable, il y a 50 ans, ça balbutiait, il y a 100 ans, on se foutait encore sur la gueule entre voisins en Europe ! Et là, là, tout le monde est réuni, qui plus est, pour parler des changements climatiques ! C’est dire que tout ce monde n’aurait pas fait ce chemin ni cette organisation pour rien… (ça c’est pour les dubitatifs de l’existence du phénomène…)
J’étais en train de rêvasser sur le bienfait démocratique quand une superbe jeune femme, brune, d’environ 1m70, vînt alors me demander si… oups ! Je confonds avec le livre que je suis en train d’écrire en même temps que ce blog (je vous expliquerai…)… À l’étage au dessous, on est dans le monde alternatif. Toutes les ONGE (Organisations Non-Gouvernementales Environnementales) sont ici… le paradis pour se faire des contacts dans le milieu… Kiosques à profusion, document et conférences à gogo sur tel problème à tel endroit de la planète. Au menu aujourd’hui, 3 conférences en même temps chaque trois heures. On y montre graphiques et photos, ça présente, ça questionne, ça débat sec. On est dans le monde associatif gris, et faut s’accrocher ! Spécialistes se succèdent, les discussions sont animées, l’ambiance est à l’heure grave. C’est avec l’argent que vous donnez à Greenpeace ou WWF (pour ne citer qu’eux) que ces personnes arborent leurs kiosques et peuvent présenter chaque jour un journal de ce qui s’est passé là-haut, à l’étage, chez les politiques. Et c’est aussi dans de tels moments qu’on fait pression et qu’on réalise que la société civile à aussi son mot à dire et son milieu d’expression. Mais on sent aussi une déconnexion. Normalement un délégué c’est aussi l’expression de la société civile, non ? Hum… je poserai la question, tiens…
Je retrouve des amis qui évoluent dans de tels milieux justement. Ils travaillent beaucoup, sont passionnés et sont payés au lance-pierre. Le communautaire en somme. Normal que ça ne soit que des jeunes. Ça paye pas le crédit auto-maison-pension/retraite…
Bouf, bon, c’est pas tout ça mais je commence à avoir un creux. Chance ! Un point presse que donne les ONG sur les faits et gestes des décideurs, accompagné d’un buffet….
Il se fait tard, j’en ai ma claque et je sors dans la douce nuit montréalaise mouillée. J’ai passé la journée avec le Monde aujourd’hui. Demain… je devrais faire le pinpin pour le kiosque de mon employeur, mais après, j’y retourne !