30.11.05

UNFCCC - JOUR3


UNFCCC - JOUR 3 – THE DAY BEFORE AFTER…





Aujourd’hui, implication de O. (mon organisation) fait une journée sortie publique, à la fois dans un événement parallèle à la COP à la fois dans les inside events de la conférence proprement dite (vous comprendrez qu’entre hier et aujourd’hui je suis devenu fluent). Et en tant qu’employé modèle, j’assiste donc, fier, à la présentation de plusieurs cadres de O., une fois en français et une fois en anglais. « Quand même, j’ai de la chance d’avoir ce beau petit job qui me plaît bien ! » (Voilà en gros ce qui est sorti de ma tête, après le traditionnel bon, lô, lô, ça va faire, il faut vraiment que je m’occupe de mon anglais !)

J’ai encore assisté par la suite à une plénière, là où chaque délégué est assis derrière son pupitre marqué du nom (en français !) du pays qu’il représente. Ça parlait technique cette fois, sur l’implantation des échanges d’émissions. Ça joutait entre des pays qui poussaient (comme le Royaume-Uni qui parlait au nom de l’UE puisque étant à la présidence depuis juillet de l’UE, aidé du Japon, qui fut même applaudi par les « gens du fonds » comme moi, observateurs ou représentant d’ONGE) et d’autres qui freinaient genre le Koweit qui soutenait un amendement de l’Arabie Saoudite sur les mécanismes prévus à la dernière réunion visant à l’application du Protocole proprement dit. Fa que, vu que je n’avais pas de casque traducteur, je dû naviguer entre la chaleur des intonations de la langue arabe et les glissements subtiles et frais du russe. En passant par des soupçons chinois, de l’espagnol, quelques touches de français. Le tout noyé dans des allocutions anglaises.

Bien sûr, des représentants d’ONGE soufflaient de la lenteur de la chose, pressé d’entendre une quelconque décision. Mais je n’étais pas de cet avis. Le passage fatidique des 30 ns a comme qui dirait assagit le militant activiste acharné qui fut un jour présent en cet être. ( ?). Toujours est-il que je trouve que c’était beau, ces expressions du monde entier. Oui, d’accord, chiant et long, mais n’est-ce point la caractéristique principale de la démocratie d’attendre que tout le monde se soit exprimé sur tout ce qu’il y avait à dire avant de conclure à quelque chose ou de prendre une décision ? Et la démocratie n'est pas t-elle un processus complexe visant à prendre la décision, si possible, qui convient au plus de monde possible? Et n’est-ce point une caractéristique majeure d’une dictature d’aller vite et dans un seul sens ? Damned, les ONGE se comporteraient-elles en dictature si elles étaient dans des fauteuils de décideurs ???...

D’ailleurs à ce propos, l’anecdote du jour fut qu’une question à été posée ce matin après une grosse présentation sur la modélisation hydrologique et le rôle de la science comme outil d’aide à la décision, allocution au de laquelle le mot « activiste » à été lancé, sans aucun sous-entendu. La question était la suivante « selon vous, quelle est la définition de activisme ? ». Vraisemblablement piqué au vif d’avoir eu à entendre le mot « activiste », la question était posée par un « activiste militant etc… » lui-même, faisant fi d’un revers de la main d’une présentation d’1/2 heure et de présentations de résultats de recherche de plusieurs années. Évidemment, je connaissais cette personne… (toujours gênant dans ces moments surtout quand on sait que la personne qui présentait était une très mauvaise cible).

Je n’ai pas pu m’empêcher de prendre mon appareil photo aujourd’hui et de jouer à je postérise ce que je voies… je pense pas que je revivrai ça de sitôt !

Fait notable, il y avait quand même beaucoup plus de monde aujourd’hui et on a l’impression que cela va s’accentuer encore ces prochains jours… Et l’ambiance genre tout le monde sourit et se dit bonjour est très agréables à vivre..

29.11.05

UNFCCC - JOUR2

JOUR 2-MARDI – ALORS, ÇA GAZE ?

Ce matin, il pleut. Bon signe, il ne neige donc pas, les trottoirs ne sont pas gelés et la technique de marche façon pingouin n’est pas de rigueur. Donc vélo pour filer directement au CŒUR DE L’ACTION !!! (désolé, je m’emballe un peu…).

Aujourd’hui, je représente fièrement O., avec son kiosque intégré à celui du gouvernement du québec, juste en face de celui de l’Alberta, la province canadienne la plus réticente au Protocole de Kyoto car remplie de gisements pétroliers. Je rencontre donc mes ex-collègues de divers ministères québécois et très rapidement cette impression que ces gens-là sont ici par décision hiérarchique supérieure et non par sympathie pour la cause environnementale.

Mais je suis à l’aise, je lie rapidement contact avec ces gens puis avec la gentille madame qui fait la sécurité et qui vaque de droite à gauche (parfois même de gauche à droite) de façon à nous assurer un maximum de prévention sécuritaire. Mon boss me rejoint rapidement, toujours souriant et je ne tarde pas à rencontrer soit des personnes que je connais, ou d’entamer des discussions avec tous ces gens. Cela me permet d’évaluer mon niveau sur O. Ça va je suis au point, j’ai l’air de maîtriser mon sujet. Une personne de la Défense Nationale veut des renseignements sur la possibilité de faire de la sensibilité au sein de cette structure. Je lui explique et le guide vers de plus amples renseignements. Ça va, je gère pas trop mal, j’ai l’air crédible, avec ma chemise verte genre environment for ever. Là une caméra se pointe. Bon, comme à son habitude, mon boss est sollicité en anglais pour répondre à diverses questions. Une attachée de presse cherche également une personne d’O. susceptible de répondre au journaliste environnemental le plus connu du Québec, LG Francoeur. L’équivalent de H. Kempf de LeMonde, avec 30 ans de plus. Je la dirige vers mon boss.

12h, l’heure est à la bouffe et je me dirige vers le Palais des Congrès. Chouette, je viens de me renseigner on a droit aux appareils photos ! A. m’a rejoint, elle va à une conférence mais rapidement je retrouve R. et on se dirige vers la table à manger. Nous entamons une file d’attente pour ce buffet gratuit, bien garni et qui de bouche à oreille finit par avoir de nombreux adeptes. L’assiette remplie et le repas entamé, R.G., une connaissance ONGesque bien calée (c’est sa 5e COP) vient s’asseoir à nos côtés et là, Ô surprise, LG Francoeur lui-même, himself, vient s’assoire à nos côté… On jase on discute on rigole, et je sens bien qu’il cherche mine de rien, des renseignements croustillants pour son article. Un collègue parisien de R. vient également se joindre à nous, nous raconte comment il a bavardé avec Chirac pas plus tard que il y a quelques semaines, et repart tout aussi rapidement qu’il est arrivé. Formidable. Cet endroit est magique, on y côtoie foule de monde, de dires, de monde qui ont vu du monde etc… L’après-midi est plus morne, nous vaquâmes encore et toujours…

Un moment de lucidité me traverse l’esprit. Tout ce qui me semblait si « inatteignable », les hautes personnes politiques, l’ONU, les instances prestigieuses, le monde qui y travaille, les responsables, les élus, les je ne sais quoi, tout ce beau monde ne sont que des humains comme vous et moi. Avec leurs soucis, leurs préoccupations, leurs intérêts etc… et ça sent pas très bon. Certes, tout ce beau monde se bouge pour un thème comme les changements climatiques. Mais sachant qu’avec 7 milliards de personnes il faudrait vivre comme un Indien d’Inde pour ne pas épuiser nos ressources ou bien diminuer d’un facteur 4 notre consommation d’énergie, je ne peux m’empêcher que chaque personne que je croise aujourd’hui doit avoir un rythme de vie bien au-delà de ce seuil. Car ce n’est pas le monde moyen que je croise là. C’est le monde haut de gamme, la haute classe sociale, la consommation azimute. Et plus je regarde parler, évoluer les gens, plus je recherche la concrétisation de toutes ces brochures, de toutes ces présentations, de tous ces discours. Ça parle, ça sait parler, mais c’est creux, c’est bien bien creux. Un éclair de lucidité bref mais qui me fait dire qu’il y énormément d’énergie pour pas grand-chose. Une façade. Et pas d’états d’âmes. Je m’aperçois de la rotondité de la Terre, de sa petitesse voire de sa fragilité, de son humanité si grande et en même temps si semblable, avec nos mêmes émotions, soucis, interrogations. Les gens du monde entier évoluent autour de moi, moi parmi eux. On se sent petit et en même temps, si grand, si proche de ces gens qui me paraissaient… virtuels, impressionnants… je ne comprends pas comment peut-on être « impressionner » par une personne, ce n’est qu’un humain en face de soi !

C’est sur cette réflexion que je finis cette journée. Pendant ce temps, ça débattait sur les termes employés pour les négociations.

UNFCCC - JOUR1

Salut vous,

voici mes premières impressions de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques qui s'est ouverte aujourd'hui à Montréal, sous le nom étrange de COP (Conférence des Parties) 11ème du nom (COP11 pour les pros). 1 fois par année, les délégations du monde entier, sous l'égide de l'ONU viennent discuter du dossier. C'est là que le Protocole de Kyoto (mais si, faites un effort...) est né.

LUNDI-L'OUVERTURE

Je trippe comlpètement, je suis aux anges ! Vendredi, j'ai appris que j'avais "carte blanche" pour aller voir ce qui me plaisait comme conférences etc... et du coup, j'ai pris un peu d'avance dans mes dossiers pour passer mes journées (plus d'heures que mon boulot normal!!) au Palais des Congrès de Montréal. À côté de ce palais, mon organisation y partage un kiosque avec le gouvernement du Québec, au milieu de plein de kiosque des provinces canadiennes et du gouvernement fédéral. Dans ces kiosques, y a des affiches partout pour présenter ce que font ces gouvernements sur le sujet. (Généralement un bel effort de communication imagée pour cacher le néant.)

Dans le Palais, c'est l'émulsion. File d'attente, faut se faire créditer. Portique, fouille, on pose tout sur le tapis roulant, ça file aux rayons X, passage du portique, ça sonne (ceinture…), on écarte les bras et on sourit au gentil monsieur devant nous qui trimballe sur notre corps d’Apollon son engin qui clignote. On reprend les affaires, on sourit à nouveau à l’autre gentil monsieur et on file expliquer à la gentille dame (oui, ils sont tous gentils ici…) qu’on travaille pour O. On se fait prendre en photo par le gentil monsieur qui me demande à qui il faudrait qu’il envoie son CV car il aimerait travailler pour O. et me voici en possession d’une carte avec ma figure, mon nom, mon organisation et l etruc qui tue : « UNFCCC – United Nations Climate Change Chaipasquoi ». Merde, j’avais oublié que je vais devoir forcer mon anglais…

C'était donc le premier jour aujourd'hui et j'ai pu assister à une « pleinière », C'est-à-dire une réunion dans une grande salle où il y a des tables avec tous les noms des pays de l’ONU écrit en blanc sur fond noir, assis devant une tribune avec un président, et quelques acolytes. Derrière, il est écrit Conférence des Nations-Unies sur les Changements Climatiques. Bref, c’est au cœur de l’action, c’est dans un cadre comme cela que depuis 11 ans les pays discutent du problème et c’est dans ce cadre-là qu’est né la Protocole de Kyoto. Bref, ça arrache comme cadre, et je suis au cœur de l’action, au milieu de la pléthore gratinée du monde dans le domaine, oui, moi, petit avignonnais, du haut de mes trente nouvelles années et de ma queue de cheval capillaire qui fait le plus bel effet alternatif qui soit dans cette horde de coupes brushinguées. (Une façon personnelle de dire NON à cette uniformisation).

Alors le président parle. Un temps d’arrêt. Un délégué du pays de XXX émet son commentaire. Un temps d’arrêt. L’énorme caméra qui retransmet l’événement au monde entier filme, le cadreur lisant paisiblement son roman. À l’épaisseur du livre je comprends que ça va être chiant. Effectivement, les commentaires se succèdent, le président « propose ». On en est à l’adoption de l’ordre du jour, ça négocie pour chaque mot qui sera inscrit dans le compte-rendu, on est en début d’après-midi, et ce sera toute la journée comme ça. Normal alors que ça prenne 15 jours pour accoucher généralement d’une déclaration souris…

Mais soudain je comprends que je m’étais laissé envahir pas mon cynisme environnemental. Oui, c’est sûr, à ce rythme, on n’est pas prêt de sauver la planète. Mais je suis au milieu de l’expression du monde ! Les 7 milliards de personnes que nous sommes ont toutes une voix ici, par le délégué qui représente le pays, ton, son, mon pays ! Tout le monde peut s’exprimer, n’importe quel pays peut dire « merde les ricains vous faites chier quoi ! ». C’est ce qu’essaie d’ailleurs d’exprimer en termes plus politiques le représentant des Îles Tuvalu, au large de l’Australie, qui est dans un processus d’évacuation car le niveau des mers inonde les îles. Je suis en plein cœur du système démocratique. À l’ONU, ça doit être pareil… C’est formidable, il y a 50 ans, ça balbutiait, il y a 100 ans, on se foutait encore sur la gueule entre voisins en Europe ! Et là, là, tout le monde est réuni, qui plus est, pour parler des changements climatiques ! C’est dire que tout ce monde n’aurait pas fait ce chemin ni cette organisation pour rien… (ça c’est pour les dubitatifs de l’existence du phénomène…)

J’étais en train de rêvasser sur le bienfait démocratique quand une superbe jeune femme, brune, d’environ 1m70, vînt alors me demander si… oups ! Je confonds avec le livre que je suis en train d’écrire en même temps que ce blog (je vous expliquerai…)… À l’étage au dessous, on est dans le monde alternatif. Toutes les ONGE (Organisations Non-Gouvernementales Environnementales) sont ici… le paradis pour se faire des contacts dans le milieu… Kiosques à profusion, document et conférences à gogo sur tel problème à tel endroit de la planète. Au menu aujourd’hui, 3 conférences en même temps chaque trois heures. On y montre graphiques et photos, ça présente, ça questionne, ça débat sec. On est dans le monde associatif gris, et faut s’accrocher ! Spécialistes se succèdent, les discussions sont animées, l’ambiance est à l’heure grave. C’est avec l’argent que vous donnez à Greenpeace ou WWF (pour ne citer qu’eux) que ces personnes arborent leurs kiosques et peuvent présenter chaque jour un journal de ce qui s’est passé là-haut, à l’étage, chez les politiques. Et c’est aussi dans de tels moments qu’on fait pression et qu’on réalise que la société civile à aussi son mot à dire et son milieu d’expression. Mais on sent aussi une déconnexion. Normalement un délégué c’est aussi l’expression de la société civile, non ? Hum… je poserai la question, tiens…

Je retrouve des amis qui évoluent dans de tels milieux justement. Ils travaillent beaucoup, sont passionnés et sont payés au lance-pierre. Le communautaire en somme. Normal que ça ne soit que des jeunes. Ça paye pas le crédit auto-maison-pension/retraite…

Bouf, bon, c’est pas tout ça mais je commence à avoir un creux. Chance ! Un point presse que donne les ONG sur les faits et gestes des décideurs, accompagné d’un buffet….

Il se fait tard, j’en ai ma claque et je sors dans la douce nuit montréalaise mouillée. J’ai passé la journée avec le Monde aujourd’hui. Demain… je devrais faire le pinpin pour le kiosque de mon employeur, mais après, j’y retourne !