Souffler le chaud et le froid
Tant qu'à être pessimiste (1er article) ou optimiste (2e article) , autant l'être à fond!
(sources: www.cyberpresse.ca)
-------
La fin du monde est à nos portes...
Si les apôtres de la fin du monde étaient encore rares il y a quelques années, les dernières semaines ont prouvé qu'ils étaient de plus en plus nombreux, tant dans la communauté scientifique que médiatique. La question, semble-t-il, n'est plus de savoir si le climat se dérègle, mais bien à quelle vitesse. Et surtout, s'il est trop tard pour contrer la menace...
Depuis le mois de janvier dernier tout particulièrement, les observations et prévisions des experts vont en effet dans le sens d'un réchauffement planétaire s'accélérant à un rythme jusqu'alors sous-estimé. Si nous n'agissons pas d'ici sept ans, a même soutenu hier le premier ministre britannique, Tony Blair, il risque d'être trop tard pour l'humanité.
Parmi tous ces récents rapports, un en particulier a fait le tour du monde et a frappé l'imaginaire, celui du Goddard Institute for Space Studies de
Inquiétant, vous dites! D'autant plus que El Niño explique la présence dans cette courte liste de l'année 1998. Lorsque cette dernière est exclue, le palmarès des années les plus chaudes se concentre donc entièrement après 2000.
Alarme
Fait rarissime, les deux plus grands journaux des États-Unis, le Washington Post et le New York Times, ont tour à tour sonné l'alarme au cours des derniers jours dans la foulée du rapport de
«Maintenant que la communauté scientifique s'entend pour dire que l'activité humaine est la cause du réchauffement de la planète, la question est de savoir si les changements climatiques évoluent si vite que, d'ici quelques décennies, l'homme sera incapable de ralentir ou de renverser cette tendance», pouvait-on lire dans le Washington Post.
Le grand quotidien de New York, pour sa part, se concentrait sur la censure imposée à
Si tout cela n'est pas suffisant, le scientifique James Lovelock vient tout juste de publier un livre apocalyptique à Londres. Connu mondialement pour «l'hypothèse Gaïa» qu'il a créée dans les années 70 -
Si, comme il est prévu, la planète se réchauffe de trois degrés au cours des 50 prochaines années, cela provoquera une série de conséquences dramatiques, croit-il. Il prévoit la disparition de la forêt tropicale, ce qui entraînera l'évacuation d'une vaste quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. La fonte du Groenland provoquera l'inondation de nombreuses villes dans le monde. Les réfugiés écologiques se compteront par millions. Etc.
Pour Lovelock, les discours optimistes comme celui du gourou du design Bruce Mau sont tout simplement irresponsables face à ce qu'il qualifie de plus importante menace qu'a connue l'humanité.
--------------
DESIGNER CANADIEN DE RÉPUTATION INTERNATIONALE
Bruce Mau: écolo et optimiste
Est-ce possible d'être à la fois écologiste et optimiste? De croire à l'existence des changements climatiques tout en rejetant les discours apocalyptiques? Le designer canadien le plus connu au monde, Bruce Mau, croit que oui. De passage à Montréal, ce gourou a tenté de convaincre ses très nombreux disciples... avec un discours qui heurtera bien des sensibilités chez les environnementalistes.
Le mouvement des écolosceptiques est mort de sa belle mort. Si on remettait encore en question le réchauffement de la planète il y a cinq ans à peine, ce questionnement a laissé place depuis à une lente résignation: non seulement les changements climatiques existent-ils, ils sont en cours et s'accélèrent, clament en choeur les scientifiques.
L'empreinte de l'homme est partout, nous disent-ils. Dans les températures élevées qui ont fait de
Certes, le mouvement sceptique a eu ses belles années dans la foulée de la publication du livre The Skeptical Environmentalist, écrit en 2001 par le Danois Björn Lomborg. Mais deux ans plus tard, force est de constater que la notoriété de ces incrédules a monté aussi vite qu'elle est redescendue.
Tout comme le débat, d'ailleurs, qu'a tenté de lancer l'auteur américain Michael Crichton avec son essai/roman State of Fear, publié ces derniers jours en français (État d'urgence). Rares sont ceux qui croient comme lui que le réchauffement de la planète est l'invention de scientifiques peu scrupuleux.
Comment réagir?
Cela dit, comment réagir à la menace? Avec pessimisme ou avec optimisme? De passage à Montréal, où il s'est adressé jeudi dernier à une salle archipleine de l'Université McGill, le designer de réputation internationale Bruce Mau a tenté cette réponse sous forme d'interrogation.
«La question est: comment vais-je me comporter si je pense que les choses empirent ou si je crois plutôt qu'elles vont s'améliorer? Cela est primordial car lorsque les gens pensent que ça empire, ils se conduisent égoïstement. Et lorsqu'ils pensent que les choses s'améliorent, ils choisissent plutôt de s'engager, d'investir dans leur famille, dans leur communauté», a-t-il dit en entrevue avec
Mondialeme
Fort de cette réputation, il s'est attaqué ces dernières années à une tâche titanesque: dresser le portrait de l'avenir du design. À la demande de
C'est précisément en préparant cette exposition, plus particulièrement en faisant le tour du monde afin de cerner l'avenir du design, qu'il a approfondi sa réflexion sur les questions environnementales.
Et ce qu'il a vu un peu partout le remplit aujourd'hui d'optimisme... et de rancoeur pour les oiseaux de malheur que sont à ses yeux les écologistes.
Crise et solutions
Il en a ainsi contre le discours écolo ambiant qu'il estime défaitiste et néfaste. Lorsque les scientifiques David Suzuki et Hubert Reeves vont jusqu'à prédire la fin du monde si rien n'est fait, comme ils l'ont fait à Montréal l'automne dernier, cela ne fait que démotiver les gens, déplore-t-il avec force.
«Le problème avec la rhétorique de Suzuki c'est qu'elle tourne en rond, poursuit-il. C'est un peu comme s'il disait qu'il n'y a rien à faire, sinon rentrer chez soi et se jeter en bas d'une falaise. Les gens ne peuvent faire autrement que d'agir négativement lorsqu'ils croient qu'il n'y pas d'issue positive possible. Or, ce n'est pas la seule chose qui se passe actuellement. C'est vrai qu'il y a une crise, mais il y a aussi des millions de solutions.»
«Le thème de Massive Change, précisément, ce sont les solutions que nous mettons de l'avant dans le monde pour résoudre le genre de problèmes que Suzuki et les autres environnementalistes montrent continuellement du doigt.»
Lors de la conférence qu'il a prononcée la semaine dernière, Bruce Mau a multiplié les exemples de villes ayant su faire face au défi environnemental: Bogota, en Colombie, Curitiba, au Brésil, etc. Il a aussi dressé une longue liste d'inventions aussi originales que riches en possibilités.
«S'il y a un impact lié à notre empreinte écologique, il y a aussi et surtout un million de cas où on réhabilite des écosystèmes, où on investi de la bonne manière, croit-il. Mais Suzuki tente de ramasser des fonds pour résoudre la crise. Il est donc moins intéressé de dire que nous sommes en train de sauver la planète...»
Riches et pauvres
«On s'est rendu compte que ces deux cartes étaient presque identiques, a-t-il lancé à ses disciples. Il suffirait donc que l'on mette sur pied une technologie permettant de transformer adéquatement le solaire en énergie pour que les plus pauvres des pauvres deviennent riches.»
Simpliste, la rhétorique du designer? Plusieurs estiment que oui. Lorsque son exposition a quitté Vancouver pour Toronto, l'an dernier, les critiques de
Mais Mau n'a que faire de ce genre de commentaires. À son avis, cela fait partie du discours défaitiste ambiant. «Nous tentons de nous convaincre que le monde s'en va à sa perte alors que les faits nous prouvent le contraire. Dans toute l'histoire de l'humanité, il n'y a pas eu meilleur moment pour être en vie qu'aujourd'hui.»